« Pour que le PS ne subisse pas le même sort en Belgique que le parti socialiste français, laminé au premier tour des élections législatives, son président, Elio Di Rupo, doit-il démissionner ? » Le débat, lancé à la Une du quotidien La Libre Belgique, illustre l’angoisse des politiciens socialistes outre-Quiévrain. La déroute de son homologue français au premier tour des législatives fait craindre au Parti socialiste belge un destin similaire.
Analysant la débâcle comme le résultat d’un manque de renouvellement politique, les militants socialistes demandent des réformes depuis plusieurs semaines. Le 3 juin, la réunion du parti à Bruxelles se cristallise autour de la volonté des militants d’interdire le cumul des mandats à ses propres membres. Une attente si forte qu’elle a donné lieu à un néologisme régulièrement employé dans les médias belges : le décumul. Au cours de la réunion, le président du parti Elio Di Rupo propose d’adopter la réforme d’ici 2024 ; refus massif des militants. Ils prévoient alors de déposer un ultimatum au parti lundi 19 juin, pour que ce « décumul intégral » soit adopté avant 2018.
Message reçu par l’ancien Premier ministre : sur son compte Twitter, il annonce mardi 13 juin vouloir proposer la modification des statuts du parti sur le décumul intégral, lors du prochain congrès le 2 juillet.
Une volonté de renouvellement et de moralisation liée à la peur d’une débâcle à la française donc, d’autant plus que le Parti socialiste belge est empêtré dans le scandale du Samusocial. La structure, qui lutte contre l’exclusion des sans-abris, recevait des millions d’euros d’argent public mais refusait de dévoiler les salaires au sein du conseil d’administration. Six de ses sept membres sont étiquetés socialistes, et plusieurs d’entre eux emploient leurs enfants. Rien d’illégal, mais beaucoup de questions sur la moralité de ce système et son éventuel népotisme. Toute ressemblance avec une situation ayant existé en France serait purement fortuite…
Les scandales récents dans le pays font dire au New York Times que l’environnement politique du pays « peut créer un environnement favorable à la corruption ». Une mauvaise publicité outre-Atlantique dont les Belges se seraient bien passés.
Les prochaines élections n’auront lieu que l’année prochaine pour les conseillers communaux, et dans deux ans pour les élections fédérales et régionales. Mais pour éviter la déroute qu’a subi le PS français, les militants socialistes belges préfèrent prendre les devants.
Nicolas Carvalho & Valéry Lerouge