L'ombre d'un Grexit plane toujours sur Bruxelles en raison d'un désaccord entre ses créanciers. D’un côté, le FMI, qui refuse toujours de s’engager dans le financement du troisième plan d’aide élaboré en aout 2015. De l’autre, l’Allemagne, premier créancier d’Athènes, qui attend une participation active de l’institution financière, au nom de son rôle de garante de la rigueur budgétaire.
Une dette, deux plans d’attaque
Il y a près d’un an et demi, les autorités européennes et le Fonds monétaire international s’accordaient sur le versement de 86 milliards d’euros à Athènes étalés sur trois ans. Et si le FMI n’avait pas hésité à contribuer financièrement aux deux premiers plans, son rôle n’a jamais été réellement arrêté dans le cadre du troisième. La raison ? Selon l’institution, la Grèce est incapable de remplir les objectifs économiques fixés par les Etats membres, à savoir, réussir à dégager un excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) de 3,5 % du PIB en 2018 et les années suivantes. Pour le FMI, ce chiffre serait plutôt de l’ordre de 1,5%. Par ailleurs, dans un communiqué de presse paru la semaine dernière, le FMI estime que malgré des « progrès significatifs », la dette grecque reste « insoutenable ». La solution qu’il propose est simple mais s’oppose en tout point à la rigueur prônée du côté allemand : un plan d’allègement de la dette grecque. Car si le torchon brûle actuellement entre les différents créanciers, c’est bien en raison du sort qu’il convient de réserver à cette dette.
Pour débloquer la situation, le FMI a proposé que la Grèce adopte préalablement des mesures d’austérité. Ces dernières ne seraient cependant mises en œuvre que dans l’hypothèse où la Grèce ne parviendrait effectivement pas à remplir les objectifs budgétaires qui lui ont été fixés. Wolfgang Shaüble, ministre allemand des Finances se dit prêt à souscrire à cette demande du Fonds. Pas question en effet de se passer de son aide financière.
La Grèce à nouveau prise en tenaille
A cinq jours de la réunion de l’Eurogroupe, la Grèce appelait à l’aide Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques, en déplacement à Athènes mercredi. "Ca suffit" les politiques de rigueur, a lancé Alexis Tsipras au commissaire européen, tout en insistant sur la légère croissance de son pays en 2016. "La Commission est un partenaire important dans l'alliance de bon sens dont l'Europe a besoin", a-t-il ajouté. Pierre Moscovici a ainsi demandé aux créanciers et à la Grèce de « faire des efforts » afin d’espérer parvenir à un compromis le 20 février prochain, date de la prochaine réunion cruciale de l’Eurogroupe. Pour son président, Jeroen Dijsselbloem, un accord semble déjà « impensable ». Le temps manque pourtant à la Grèce, qui doit honorer une prochaine échéance de remboursement de ses créanciers à hauteur de sept milliards d’euros d’ici juillet prochain.
Fanny Van Muylder & Valéry Lerouge