C’est ce 11 décembre que la Chine devait être reconnue comme une « économie de marché » par l’Union Européenne, en vertu d’un accord signé en 2001 avec l’Organisation Mondiale du Commerce. 15 ans que l’Europe le sait, et qu’elle ne fait rien, ou presque. Changer le statut de la Chine signifierait pourtant moins de droits de douanes, et de mesures de rétorsion possibles, même quand l’État chinois subventionne allègrement des pans de son industrie pour casser les prix sur le marché mondial.
Il y maintenant 15 ans, la Chine, aujourd’hui deuxième puissance économique mondiale, faisait son entrée à l’Organisation mondiale du commerce. Le protocole d’adhésion permettait alors aux pays membres de l’OMC de garder la possibilité d’employer des moyens de rétorsion en cas de dumping. Jusqu’au 11 décembre 2016, l’Empire du milieu devait faire des efforts pour réduire l’intervention de l’État dans l’économie. L’échéance arrive maintenant à son terme. Pour autant, la Chine ne remplit qu’un seul des cinq critères européens qui définissent une « économie de marché » aux yeux de l’UE, et celle-ci, divisée sur la question, peine à prendre position alors que le Japon et les États-Unis ont opté pour le refus d’accorder ce statut.
Bruxelles craint de voir les marchés inondés par les produits chinois à prix cassés et l’emploi menacé, en particulier dans la sidérurgie. Selon la Commission, plus de 200 000 emplois pourraient disparaître en Europe. Un chiffre susceptible de s’élever jusqu’à 3,5 millions d’après un think tank américain.
En mai, la Commission qualifiait le statut d’« intenable ». Aujourd’hui, la Commission adopte une attitude de compromis et souhaite un statut « normalisé ».Il s’agirait pour des équipes de recherche au sein de la Commission d’établir des rapports réguliers sur des secteurs d’activités et des pays pour justifier la mise en place rapide de droits de douane élevés si les enquêtes révélaient des pratiques de dumping. Le Parlement européen et les États membres doivent encore donner leur aval à cette proposition. Les eurodéputés avaient voté, de manière non contraignante, contre l’octroi du statut.
L’UE est dans une position délicate. Elle ne veut pas prendre le risque de froisser son deuxième partenaire commercial. La Chine est aussi l’un des principaux pays contributeurs au plan d’investissement Juncker. En ne respectant pas le protocole de l’OMC, les Européens s’inquiètent aussi d’éventuelles représailles de la Chine et s’exposer à des procédures judiciaires.