Le marché européen de l’automobile se met (lentement) au vert

Un défilé de voitures électriques européennes cette année, au Mondial de l'Auto, qui se tient actuellement à Paris. Entre le premier véhicule entièrement électrique de l'Allemand Volkswagen, qui pâtit toujours du scandale des contrôles antipollution truqués (lien), et la Zoé de PSA Renault, qui affiche de meilleures performances en matière d'autonomie, chaque groupe automobile européen veut tirer son épingle du jeu dans ce secteur.

En 2015, 150 000 voitures neuves immatriculées électriques et hybrides ont été vendues en Europe, soit plus du double par rapport à 2014. Un chiffre à relativiser toutefois quand on sait que 90% des ventes proviennent de six pays de l’Union Européenne (Pays-Bas, France, Allemagne, Danemark, Suisse, Grande-Bretagne). Parmi les champions en matière de vente de véhicules à énergie alternative : la France pour l’électrique, et les Pays-Bas pour l’hybride, tous deux loin toutefois derrière la Norvège qui reste le meilleur élève européen dans ce domaine. Une envolée pour l’automobile électrique, mais qui reste encore timide.

« Le marché européen de l’électrique ne représente que 1.2% des ventes de nouvelles voitures en 2015. Et seulement 0.5% des voitures en circulation sont électriques. », rappelle Magdalena Jozwicka, auteure d’un rapport publié en septembre par l’Agence européenne de l’environnement. Le tournant énergétique est encore loin.

Des pistes sont lancées pour parier sur ce marché estimé porteur. L'entreprise Alstom mise sur les bus électriques pour sauver le site de Belfort en France. Aux Pays-Bas, on voit très grand : un projet de loi à l’étude prévoit d’interdire les voitures diesel et essence pour déployer des véhicules électriques et hybrides dans tout le pays d’ici 2025, irréaliste pour certains. La Belgique compte, de son côté, déposer en novembre devant la Commission européenne un plan national pour développer le transport à énergie alternative.

Les Pays-Bas veulent imposer les voitures électriques dans le centre ville d'Amsterdam d'ici 2025

« La lenteur de ce développement tient aussi au manque d’infrastructures. C’est un peu l’histoire de la poule et de l’œuf : s’il n’y a pas assez d’infrastructures, on ne peut pas vendre plus de voitures, et inversement ». L’un des principaux enjeux du secteur concerne la capacité d'autonomie de tels véhicules. Là encore, les Pays-Bas se démarquent avec un réseau de 23 000 bornes de chargement sur les 92 000 publics répartis en Europe, pour une population de 17 millions d’habitants, quand la France en compte 14 000.

Autre problème : la voiture électrique est hors de prix. Celle-ci peut coûter jusqu'à 20 000 euros de plus qu'une voiture conventionnelle. Les incitations au tout électrique sont à l’initiative des états membres. Libre à eux de faciliter l'achat de ces véhicules par des incitations fiscales et de primes à l’achat, comme aux Pays-Bas où ces voitures sont pleinement exemptées de taxes. Toutefois ce système de taxes avantageux devrait bientôt être amené à se rapprocher de celui des voitures conventionnelles.

Il y a encore du chemin à parcourir pour parvenir à l'objectif du 10 % de transport à énergie propre d'ici 2020, fixé par l'UE, et pour que l'électrique ne soit plus seulement un gadget, alors que le grand prix de Formule E (pour électrique) passera par Bruxelles, Paris et Monaco l'année prochaine.

M. Berthomé & V. Lerouge

Publié par Julien Gasparutto / Catégories : Non classé