Comment rafraichir la mémoire de possibles témoins d’enlèvements ? La Fondation pour Enfants Disparus et Sexuellement Exploités en Belgique tente une campagne utilisant les nouvelles technologies pour tenter de retrouver des enfants disparus il y a 30 ans pour certains. Jusqu’ici, les campagnes de recherche se limitaient à une photo du disparu avec certaines informations pouvant aider la recherche comme sa taille, ce qu’il portait lorsqu’il a été vu la dernière fois et quelques autres descriptions physiologiques. Désormais, la photo est animée, le visage du jeune disparu bouge et prend vie par des clignements de paupières.
Cliquez sur la vidéo ci-dessous pour voir le visage animé.
Photo animée de Hodei Egiluz Diar, disparu depuis 2 ans.
L’objectif est de harponner le passant par de la vidéo, outil numérique qui attire d’avantage le regard. Projetés sur les écrans de gares ou des stations de métro, cette technologie nourrit de nouveaux espoirs pour les familles de disparus. Même si, pour 3 des 6 enfants dont le portrait est animé, leur disparation remonte à plus de 20 ans.
Child Focus, née de l’Affaire Dutroux
Le scandale avait bouleversé la Belgique et plongé l’Europe dans l’émoi : au milieu des années 90, l’affaire Dutroux, du nom de Marc Dutroux, un électricien de 40 ans, éclate. Entre 1995 et 1996, Marc Dutroux enlève, viole, séquestre et assassine plusieurs enfants et jeunes adolescents en Belgique. Julie Lejeune et Mélissa Russo, deux des victimes de Marc Dutroux, les plus tristement connues, sont enlevées en 1995 et retrouvées enterrées en 1996. Ces visages témoins de l’horreur de Marc Dutroux ont une résonnance particulière dans la société belge et créent l’émotion.
Le 20 octobre 1996, l’indignation belge se transforme en marche blanche. 350.000 personnes défilent dans les rues de Bruxelles pour témoigner de leur soutien aux familles des victimes. Parmi celles-ci, la famille Lejeune et Jean-Denis Lejeune, le père de Julie. Il devient le symbole du combat contre Marc Dutroux et contre les enlèvements d’enfants. Il intervient dans les médias pour mettre le doigt sur les dysfonctionnements de l’appareil judiciaire belge. Fort de sa notoriété, il crée ensuite une association pour centraliser et mieux organiser la recherche des enfants disparus : Child Focus. Par la suite et avec l’aide de l’Etat belge (50% de son financement), Child Focus parvient à se structurer en devenant opérationnel dès 1998. Lors des dix premières années d’activités, plus de 30.000 dossiers pour disparition ou maltraitance sexuelle ont été traités par l’organisation.
G. Woelfle & V. Lerouge