Bruxelles, capitale de l’Europe… et capitale européenne des bouchons. C’est une étude de l’Inrix Traffic Scorecard qui l’affirmait en 2013 et la situation ne risque pas de s’arranger tout de suite. Une double polémique sur les transports secoue la Belgique actuellement. D’un côté, la construction d’un RER, semblable au RER parisien, qui s’embourbe alors que les premiers plans datent des années 1990. Et d’un autre côté, des ouvrages d’art qui tombent –littéralement-… sur les véhicules.
Le RER, monstre du Loch Ness bruxellois : « Tout le monde en parle, mais personne ne l’a jamais vu »
Imaginé dans les années 90 et censé suivre les voies de chemin de fer existantes en les dédoublant, un Réseau Express Régional devait permettre aux dizaines de milliers de personnes qui travaillent dans Bruxelles, mais qui vivent dehors (appelés ici les « navetteurs ») de rejoindre la Capitale quotidiennement. Couvrant une zone de 30 km autour de Bruxelles (où habite 1/5ème de la population belge) le réseau permettrait de répondre aux problèmes de mobilité qui étaient déjà présents à Bruxelles dans les années 90. Problème : les travaux n’ont commencé que 15 ans plus tard, en 2005 et ne sont toujours pas terminés. Si certaines lignes de train remplissent ce rôle de transport suburbain actuellement, la mise en service totale n’est pas attendue avant 2023…
Cause principale : le manque de moyens. Entre l’enveloppe promise au début des années 90 et les finances disponibles à la fin des années 2000 dans un contexte de réductions des dépenses, le projet a plusieurs fois été raboté. L’autre gros point noir est typiquement belge : les 3 régions (Bruxelles, la Flandre et la Wallonie) se déchirent et divergent sur les priorités. Et les recours contre les travaux d’agrandissement des voies se multiplient.
Aujourd’hui, le dossier a tellement trainé que peu de gens peuvent encore avancer une solution à ce sujet. Et si cela doit arriver, ils sont peu à miser sur l’actuelle ministre de la Mobilité. La semaine dernière, Jacqueline Galant a annoncé au Parlement que la suite des travaux n’était plus une priorité de la SNCB (la SNCF belge) avant de revenir sur ses propos dès le lendemain, consciente de la polémique déclenchée. Mais impossible de dire quand les travaux seront réalisés. Tous les Belges se posent la question. Retour donc à la case départ avec un projet de RER dans le pipeline sans savoir quand il sera livré et avec une ministre qui a perdu toute crédibilité en la matière.
Quand le tunnel leur tombe sur la tête
Faute de RER, les navetteurs continuent à prendre leur voiture vers Bruxelles… et à risquer leur vie! Car l’autre polémique sur les transports concerne le piteux état des tunnels bruxellois. Ils ont été construits dans les années 1950, pour désengorger la ville et la contourner. Au total il y a une quinzaine d’ouvrages dont le plus long mesure 2,5 km. Mais depuis leur construction et malgré plusieurs études alarmistes, peu d’investissements ont été réalisés. En janvier dernier, des fissures ont été découvertes dans le tunnel Stéphanie, très stratégique, obligeant sa fermeture pour un an.
12 jours plus tard, dans un autre tunnel, le Léopold II, une automobiliste a reçu une pierre du plafond du tunnel sur son pare-brise. La polémique confinée au monde politique devient alors un scandale régional, voire national. Les accusations d’incompétence fusent de la part d’éditorialistes et d’associations d’automobilistes vers les politiciens qui à leur tour se les renvoient entre eux. Et la dernière chute de pierre en date, celle de ce samedi 6 février tend à prouver que l’état de délabrement de la quinzaine de tunnels bruxellois est général.
La mobilité bruxelloise pose de sérieuses questions. Bruxelles n’avait vraiment pas besoin de cette publicité-là alors qu’elle tente de se défaire de son image de refuge à terroristes.
V.Lerouge & G. Woelfle