Le foie gras ne sera pas banni des restaurants du Parlement européen. Il a pourtant eu chaud, après une décision attendue cet après-midi à Strasbourg sur son éventuelle interdiction. Ce symbole de la gastronomie française avait été remis en question par trente-six députés européens dans une lettre envoyée à Martin Schulz. La querelle est menée par l’anglais Keith Taylor, eurodéputé vert, et face à lui, Elisabeth Morin-Chartier, eurodéputée française prête à tout pour défendre ce produit reconnu « patrimoine culturel et gastronomique protégé ».
La France loin devant
Avec 20 000 tonnes produites en 2014 –sur les 26 000 en Europe-, la France est le premier producteur mondial de foie gras et continue de conquérir de nouveaux marchés. La filière génère 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 30 000 emplois sont concernés. Ces emplois ne seraient néanmoins pas menacés par une interdiction du foie gras d’après Michel Vandenbosch, président de l’ONG Gaia : « Il faut savoir que si on change de méthode de production, si on ne gave plus les animaux et on produit d’une autre manière, il n’y a aucune raison de perdre ces 30 000 emplois. Ces gens-là pourront continuer à produire du foie gras, mais d’une autre manière ». Gaia a d’ailleurs lancé une alternative au produit favori des fêtes de fin d’année, le « faux gras » végétarien.
Les interdictions dans le monde
Le succès du vrai foie gras serait-il en train de s’essouffler ? En Belgique, le Parlement fédéral a déjà retiré le foie gras de ses tables, il y a quelques mois. Le gavage est interdit dans vingt-trois des vingt-huit pays de l’Union Européenne, ainsi qu’en Norvège et en Suisse. Dans le monde, l’Israël et l’Argentine interdisent la production, la Californie vient seulement de revenir sur son interdiction de vente et l’Inde interdit jusqu’à l’importation de foie gras. En France, un français sur deux s’oppose au gavage, selon un sondage OpinionWay de décembre 2014 pour l’association L214.
Que dit l’Union Européenne sur la production de foie gras ?
Si Keith Taylor, eurodéputé vert, avait déjà demandé la suppression du foie gras du menu de Noël du Parlement en 2014, la question n’est pas nouvelle pour l’UE. Dès 1998, une directive européenne dispose qu’« aucun animal n'est alimenté ou abreuvé de telle sorte qu'il en résulte des souffrances ou des dommages inutiles ». Pourtant la Commission européenne n’ « a pas vraiment fait grand-chose pour remédier au problème de la souffrance animale », souligne Michel Vandenbosch de Gaïa, sûrement parce que « les lobbyings des producteurs de foie gras » bloquent toute autre initiative. La décision d’aujourd’hui montre que cette vedette de la gastronomie française a toujours plus d’adeptes que d’ennemis.