Une victoire personnelle...
"Elle sera la star du prochain sommet européen fin octobre" me disait ce matin un diplomate européen à Bruxelles. Angela Merkel vient en effet de réussir là où la quasi-totalité des dirigeants européens ont échoué : se faire réélire malgré la crise de l'euro. Pour la chancelière allemande, cette crise n'a d'ailleurs pas joué comme un handicap mais au contraire comme un atout : les Allemands ont le sentiment d'en avoir été préservés grâce à elle.
Cette victoire personnelle renforce donc son pouvoir au niveau européen, d'autant qu'en politique comme en économie, celui qui décide, c'est toujours celui qui paye. Or, un troisième plan de sauvetage pour la Grèce (qu'Angela Merkel a d'ailleurs évoqué dès hier soir) et un second plan de sauvetage pour le Portugal se profilent. Plus encore qu'auparavant, l'Europe a donc un leader qui prend le pas sur tous les autres et c'est Angela Merkel.
Si à Bruxelles et dans les différentes capitales, les dirigeants européens ont donc tout intérêt à s'allier avec Angela Merkel, ou au moins à travailler le plus étroitement possible avec elle, cette élection triomphale ne devrait pas la rendre plus populaire en Europe du sud : le scrutin allemand marque plus que jamais une coupure franche entre deux Europes, de chaque côté d'une frontière Nord/Sud. La présidence grecque de l'Union Européenne qui commence en janvier prochain aura donc une "saveur" toute particulière : c'est quand Athènes dirigera toutes les réunions ministérielles européennes que l'éventuel troisième plan de sauvetage du pays sera négocié, avec l'Allemagne à la manoeuvre.
...dans l'attente d'une coalition.
Néanmoins, si Angela Merkel est amenée à former une coalition avec les sociaux démocrates, cela modifiera évidemment les positions de l'Allemagne sur les grands dossiers européens : croissance versus austérité, solidarité avec les pays du sud, union bancaire et traité de libre-échange avec les Etats-Unis.
Mais l'essentiel des prises de positions allemandes dans les 4 années à venir (son mandat s'achèvera en 2017, comme celui de...François Hollande) restera surtout marqué par le pragmatisme de la chancelière : elle est pro-européenne quand cela sert les intérêts de son pays.