Depuis l'éléction de François Hollande, ses partenaires européens ne savaient pas quel poids accorder au nouveau président de la République : à Bruxelles, à Berlin et dans les autres capitales européennes, on attendait avec impatience les élections législatives. Car, une cohabitation ou au contraire une forte majorité pour la gauche à l'Assemblée nationale changeraient évidemment la donne. Les Européens ont donc réservé un accueil "poli" à François Hollande lors d'un "sommet de bienvenue" à Bruxelles fin mai, ils ont accepté "poliment" de parler de croissance, ils ont débattu "poliment" (et brièvement) d'euro-obligations mais c'est tout. Ils ont rappelé que les décisions importantes se prendraient lors d'un sommet formel cette fois qui se tiendra fin juin, aprés les législatives. En clair, tant qu'ils ne savaient pas de "combien de divisions" disposait François Hollande, ils n'insultaient pas l'avenir mais la considération s'arrêtait là. D'ailleurs, de son côté, pendant cette période d'un mois, François Hollande a lui-même été plutôt absent des grandes décisions européennes : pour le sauvetage des banques espagnoles ce week-end, le couple Merkel/Sarkozy a clairement été remplacé par le couple Merkel/Merkel : même si la France a fait connaître sa position, seule l'Allemagne était aux commandes.
Le premier tour des élections législatives - surtout si la tendance se confirme au second - change la donne. Dans une Europe trés majoritairement gouvernée par les conservateurs, le fait que la deuxième économie européenne "passe à gauche" modifie les équilibres : les débat croissance/austérité et austérité budgétaire/relance vont être relancés. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si c'est au lendemain du premier tour des législatives que l'on apprend que Paris s'apprêterait à demander à Bruxelles un délai sur le retour au déficit à 3 % !
Autre conséquence : les relations au sein du couple franco-allemand pourraient devenir plus dures, plus antagonistes. Les législatives françaises étaient également trés attendues dans les institutions européennes (le parlement européen est majoritairement au centre droit) et elles modifient donc en profondeur le fonctionnement de l'Europe des 27.