"En Europe, la crainte principale d'attentat n'est pas une attaque de grande ampleur comme les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats Unis, mais un acte comme la tuerie dans le musée juif de Bruxelles fin mai 2014".
Cette déclaration de Gilles de Kerchove, le responsable de la coordination de lutte contre le terrorisme dans l'Union Européenne date du 5 décembre dernier.
L'attentat de Paris montre à quel point il avait raison et à quel point les responsables européens connaissaient l'ampleur du risque. Ce responsable européen disait craindre le retour de Syrie, de certains combattants européens.
Même si au moment où nous écrivons ces lignes, on ne peut pas affirmer avec certitude que c’est le profil de ceux qui ont commis hier cet acte barbare, il est sûr que face à la menace d'attentats commis par des djihadistes, l’Europe est sourde et aveugle.
Elle manque en effet de moyens pour suivre des d’individus qui seraient tentés de passer à l’acte, après leur retour sur le sol européen.
Pourquoi ? Parce qu'elle n'a pas su se doter des dispositifs et de la législation nécessaire pour lutter contre une réalité qui pourtant, ne peut pas être combattue au niveau national : avec l'espace Schengen, les terroristes des uns peuvent aussi être les terroristes des autres...
Or le phénomène des départs (et donc peut-être aussi des retours) de combattants européens en Syrie et en Irak explose : en France l'an dernier, il a augmenté de 90 %. Et sur les 3000 djihadistes européens, plus du tiers viennent de l'hexagone. Notre pays détient d'ailleurs le triste record européen du nombre de combattants, la plupart enrôlés par Daech. L’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède, le Royaume-Uni, l’Espagne, le Danemark et l’Autriche sont également trés touchés.
Qu'est ce qui manque à l'Europe ?
1/ L'Union Européenne devrait se doter d'un fichier des passagers aériens (PNR : passenger name recorder). Les PNR, dont se dotés depuis longtemps les Etats-Unis et le Canada, permettent de traiter informatiquement toutes les données personnelles des passagers aériens afin de détecter leurs mouvements suspects, vers la Syrie ou l'Irak par exemple. Aujourd'hui, il n'y pas de PNR sur le vieux continent car le parlement européen s'y est opposé.
2/ Les Etats européens devraient mieux échanger les informations sensibles pour leur sécurité. Certains restent réticents à le faire.
3/ Enfin, il devrait y avoir une harmonisation des pratiques. Certains pays retirent leurs passeports aux candidats djihadistes, mais d'autres ne le font pas.
Aujourd'hui, Jean-Claude Juncker, le président de la commission européenne, a annoncé qu'il allait présenter "dans les semaines à venir" un nouveau de programme de lutte contre le terrorisme. Depuis hier, c'est en effet devenu au niveau européen, LE dossier prioritaire.