De l'argent frais pour les banques européennes

Quelques réflexions à propos des derniers développements de la crise de la dette, de l'euro, des banques, on ne sai plus comment l'appeler puisque c'est tout cela à la fois....

1 / Dexia : qui va payer et combien ?
Les négociations entre les gouvernements français et belge se poursuivent pour savoir lequel des deux pays aura le plus à débourser. L'objectif est d'aboutir dans les 48 heures. Intenses négociations en coulisses avec réunion ministérielle ce matin à Bruxelles et possible conseil d'administration de Dexia ce samedi à Paris.

Côté belge, il y a une forte inquiètude de se faire "flouer" une seconde fois par Paris : les actifs toxiques ont en effet tous été contractés par Dexia France mais gentiment placés - grâce à un tour de passe-passe comptable - dans le bilan de Dexia Belgique. D'où les déclarations du premier ministre belge Yves Leterme qui demande ce matin un partage "équitable"

Côté français, la crainte est double : le financement des collectivités locales et le AAA de la France. Pour les collectivités locales, le nouvel organisme né du rapprochement avec La Poste et la Caisse des dépôts devra obligatoirement être noté AAA, sinon ses prêts seront trop chers et donc inacessibles aux mairies et aux conseils généraux.

Par ailleurs, en se portant garant des actifs "toxiques" de Dexia, la France alourdit sa dette (personne ne peut dire de combien mais d'au moins 10 à 15 milliards d'euros) et donc sa notation peut en pâtir/

Quelques repères : Dexia, pire que Le Lyonnais
1/ La France et la Belgique avaient déjà injecté 6 milliards d'euros dans Dexia il y a 3 ans, en pure perte
2 / La "bad bank" de Dexia (95 milliards) c'est 3 fois plus que celle du Crédit Lyonnais ! (mais à "répartir" entre France et Belgique)

2/ Les Etats européens vont devoir réinjecter de l'argent frais dans leurs banques :
Il y a quelques semaines, Christine LAGARDE, toute nouvelle patronne du FMI, avait annoncé que les banques européennes devraient être renflouées (encore une fois !!!) à hauteur de 200 milliards d'euros. Tous les dirigeants européens l'avaient alors vertement critiquée.

Aujourd'hui, la nouveauté, c'est que tous sont dorénavanant d'accord : la crise financière est en train de se transformer en crise des banques (Dexia la première) et il est indispensable de réinjecter entre 100 et 200 milliards "trés vite" dans les établissements européens.

Problème : les Etats sont tellement endettés eux-même qu'il leur sera trés difficile de le faire.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy devraient aborder ce sujet dimanche à Berlin. Jose Manuel Barroso annonce ce matin que la Commission Européenne souhaite une "action coordonnée" pour recapitaliser les banques européennes.

3/ La crise actuelle : une réplique parfaite de celle de 2007/2008

La crise précédente avait débuté par la faillite de Lehman Brothers aux Etats Unis.

La crise actuelle a commencé avec la quasi-faillite d'un Etat européen : la Grèce.

Pour le reste, les similitudes sont parfaites (et donc les développements sont prévisibles) :

La crise est devenue bancaire : comme en 2008, les banques européennes ne se prêtent plus entre elles. C'est pour cela qu'il va falloir voler une seconde fois à leur secours. Nouveauté cette année : tous les autres investisseurs mondiaux fuient les banques européennesComme en 2008, la crise est entrée dans l'économie réelle : le chômage repart à la hausse en Europe, la récession menace

Comme en 2008 enfin, les réponses des politiques tardent à venir et laissent la contagion s'installer.