Angela Merkel s'est rendue hier à Athènes pour deux jours, 5 ans après une précédente visite sous tension. Face aux revendications réitérées de compensation financière par son homologue Grec, elle dit « avoir conscience de la responsabilité allemande » vis-à-vis de l'occupation nazie en Grèce.
« Vous arrivez aujourd'hui dans une Grèce complètement différente qui se développe », a assuré Alexis Tsipras à Merkel dès son arrivée. Les deux dirigeants ont évoqué le retour à la stabilité économique hellénique, la crise des réfugiés dans les îles de la mer Égée et la question cruciale du nouveau nom de la Macédoine, affichant un tandem germano-grec réconcilié.
Car à l'apogée de la crise de la dette grecque, Tsipras était l'un des critiques les plus sévères des politiques de rigueur prônées par Berlin. Les précédents déplacements de la chancelière à Athènes en 2012 et en 2014, avaient été marqués par le défilé de dizaines de milliers de manifestants anti-austérité à Athènes. Seulement quelques centaines de citoyens ont démontré leur mécontentement cette fois-ci.
« La question des réparations est politiquement et légalement close »
La revendication par Tsipras de réparations financières réclamées à l'Allemagne en compensation des crimes commis lors de l'occupation du pays par les nazis (1941-1944) ont fait sourdre quelques tensions. Un rapport de la Comptabilité nationale grecque avait dans le passé évalué le montant des réparations à 162 milliards d'euros.
« Nous sommes conscients de notre responsabilité historique. Nous savons aussi quelle souffrance nous avons infligée à la Grèce (...) durant la période du national-socialisme » a répondu Merkel, avant de s'entretenir avec le président de la République hellénique, Prokopis Pavlopoulos.
Merkel en Grèce „très drôle monsieur Tsipras“ pic.twitter.com/t81jtsVtot
— Pascal Thibaut (@pthibaut) 10 janvier 2019
En 2014, l'ex-président allemand Joachim Gauck avait publiquement demandé « pardon au nom de l'Allemagne » aux familles des victimes d'un massacre commis par l'armée allemande durant la seconde guerre mondiale dans des montagnes du nord de la Grèce. Lors d'une visite diplomatique à Berlin en 2015 cependant, Tsipras avait déjà tenu à réveiller « ombres du passé». Merkel avait répondu avec la même fermeté que « selon le gouvernement allemand, la question des réparations est politiquement et légalement close. »
Angela Merkel doit quitter Athènes en début d'après-midi après un entretien avec le leader de l'opposition de droite Nouvelle-Démocratie, Kyriakos Mitsotakis.
Par Chloé Cosson avec AFP