Comment le journaliste du Spiegel auteur de « fake news » a-t-il été démasqué ?

Claas Relotius était journaliste depuis sept ans au Spiegel.

Claas Relotius, aurait « inventé » des éléments dans au moins 14 articles publiés dans le grand hebdomadaire allemand. Avant d'éveiller les soupçons de l'un de ses confrères.

Il vient d’être déchu, du rang de journaliste vedette à celui d’affabulateur. Claas Relotius reconnaît avoir falsifié au moins 14 des quelque 60 articles publiés en 7 ans de carrière au Spiegel. Couronné du prix de « reporter de l’année» (« Reporterpreis ») début décembre pour un article consacré à un jeune syrien, Relotius était pourtant au faîte des honneurs. « Super star » du journalisme allemand, il avait déjà été récompensé à de multiples reprises, par la chaîne américaine CNN notamment. A 33 ans, il officiait par ailleurs dans des journaux allemands de renom comme la Welt, la Süddeutsche Zeitung, la Zeit, ou la Frankfurter Allgemeine Zeitung.


Dans un long communiqué publié mercredi 19 décembre sur son site, le Spiegel reconnaît que le journaliste aurait « monté de toutes pièces » des histoires rocambolesques « conçues avec une perfection fascinante. »  Mais « citations, lieux, personnes supposées en chair et en os. Tout est faux.» Comme celle qui mettait en scène un prisonnier yéménite dans baie de Guantánamo, celle qui impliquait la star du football américain Colin Kaepernick, ou encore celle de miliciens à la frontière entre le Mexique et les États-Unis…

« Il voulait travailler tout seul »

Juan Moreno l’un de ses collègues du Spiegel était à ses côtés sur le terrain lors de ce dernier reportage sur les patrouilles frontalières outre-Atlantique. « Relotius voulait travailler tout seul, il disait qu’il n’avait pas besoin de moi » se souvient Moreno. A la lecture de l’article publié en novembre 2018, de « petites incohérences » attirent son attention, « comme ce garde en patrouille qui fait des révélations extrêmement compromettantes mais aurait refusé de se laisser photographier. » Il fait part de ses soupçons à des confrères du Spiegel qui ne le prennent pas au sérieux. De retour aux États-Unis,Moreno décide d’aller à la rencontre de deux miliciens cités à de multiples reprises par Relotius dans l'article publié en Novembre. Et les sources présumées affirment devant n’avoir jamais rencontré Relotius. Moreno filme les entretiens et rapporte la preuve en Allemagne.

« J’avais peur de l’échec, j’étais sous pression » confesse le journaliste fautif qui vient de présenter sa démission au Spiegel. Il affirme également être « malade » et avoir « besoin d’aide ». L'affaire qui fait grand bruit bien au-delà des frontières du pays est un véritable coup dur pour le plus grand et le plus influent hebdomadaire allemand d'investigation. 

Par Chloé Cosson