La presse allemande revient largement sur le deuxième débat ce matin. Une presse surprise par un débat à 11 candidats et qui n’hésite pas à le tourner en dérision.
Les « petits candidats » n’ont cessé d’étonner les journaux allemands qui utilisent toutes sortes de comparaisons et expressions à leurs égards. La tendance générale des articles reflète une incompréhension à vouloir réaliser un débat à 11 candidats qui ne pouvait qu’être confus, mais puisque le débat a eu lieu, autant en rire : les journaux allemands ne prennent pas de pincettes pour ironiser sur des échanges interminables.
« vigoureux mais parfois chaotique »
C’est la longueur du débat et sa confusion qui sont mises en avant dans la presse allemande. Il a été « vigoureux mais parfois chaotique » selon le Spiegel Online. C’est surtout la Süddeutsche Zeitung qui critique autant son fond que sa forme. : « les formats comme « les grands débats » sont inquiétants : ils profitent à ceux dont la parole est habilement ramassée, piquante ou provocante ». Le quotidien ajoute ensuite : « au lieu d’un débat, le public a fait face à un tas de slogans, des chiffres et des cris. C’était soit trop soit pas assez : il y avait trop d’informations pour le manque de profondeur des thématiques », « celui qui a moins de 1% dans les sondages ne devrait pas participer au débat télévisé ».
Pour Die Welt, les 11 candidats auraient pu créer un « match de foot passionnant » mais « il s’est produit de nombreux petits duels toxiques à la place ». Die Zeit ironise sur « un spectacle rafraîchissant et chaotique », « comme s’il y avait un débat entre les défenseurs des animaux, les pirates, les féministes, Angela Merkel et Martin Schulz ».
Des « petits candidats » étonnants
Les « petits candidats », peu connus en Allemagne, sont tous passés au crible des journaux allemands, et la Süddeutsche Zeitung déplore leur manque de professionnalisme. Nathalie Arthaud était « très bruyante », Jean Lassalle utilisait un « langage lourd » et Philippe Poutou parlait « à une vitesse vertigineuse ».
Die Welt décrit tous ces nouveaux visages avec une douce ironie avant de préciser que tous étaient « à juste titre qualifiés de petits candidats ». Nathalie Arthaud est « engagée et tout à fait agréable » mais il est dommage qu’elle « réponde à toutes les questions en fustigeant le capitalisme ». Jean Lassalle, est un « drôle d’oiseau », Jacques Cheminade porte des propos « un peu confus » et François Asselineau « parle comme un directeur d’école ». Celui qui sort du lot est Philippe Poutou, salué pour son courage face à Marine Le Pen et François Fillon même si la Zeit est un peu cinglante : « le public a très rapidement fait le choix de son candidat préféré au second tour : Philippe Poutou, un outsider trotskiste au langage rapide et chemise à carreaux ».
Les « grands candidats » n’ont pas non plus été très performants. Emmanuel Macron garde sa stature auprès des médias allemands d’un « jeune homme du centre, un favori des sondages, [qui] se profile comme un rempart contre son rival le plus fort », Marine Le Pen. Pour Die Zeit, la candidate FN et François Fillon ont été « les perdants de la soirée » ressassant les mêmes stratégies, Marine Le Pen jouant « encore les victimes » selon la SZ. « Fillon semblait fatigué et sensible après sa chute dans les sondages » ajoute Die Zeit, alors que Die Welt critique son hypocrisie : « Fillon fait bonne figure, comme si lui et sa femme n’avaient pas passé la journée à être interrogés par le procureur général ». Quant à Benoit Hamon, la Zeit est cruelle face à un candidat qui « attend en vain son « effet Schulz » en France ». Le véritable vainqueur est finalement Jean-Luc Mélenchon qui « brille grâce à sa répartie », selon le Spiegel Online.
Par Sibylle Aoudjhane