La Bild, prise au piège des "fake news", fait un début d'auto-critique

Après avoir publié plusieurs fausses informations, la Bild fait son mea-culpa et tente de regagner la confiance de ses lecteurs en nommant un médiateur de l'information. Une petite révolution.

A plusieurs reprises ces dernières semaines, la Bild a publié de fausses informations. Début janvier, elle avait annoncé la candidature de Sigmar Gabriel au poste de chancelier. C'est finalement Martin Schulz qui a pris sa place. Plus récemment, elle a publié un article relatant de prétendues agressions sexuelles commises par des migrants pendant la nuit du nouvel an à Francfort. La police locale a enquêté et conclu que c'était totalement faux. La Bild, qui est lu chaque jour par plusieurs millions de lecteurs (c'est le premier quotidien d'Europe), a du s'excuser platement.

« 2017 est une année décisive » écrit la Bild dans son édition du 22 février, avant de souligner l’importance de la liberté de la presse durant cette année aux enjeux si nombreux. "Nous ne voulons pas seulement que vous ayez confiance en nos informations mais que vous puissiez les comprendre avec transparence. Nous voulons avoir votre retour si vous pensez avoir vu une erreur". Pour cela, la Bild a créé un poste de médiateur de l'information, comme un gardien de la vérité.

Ernst Elitz, ombudsman de la Bild Photo: Jens Oellermann

Ernst Elitz, ombudsman de la Bild
Photo: Jens Oellermann

C'est Ernst Elitz qui a été nommé, chargé de faire le lien entre les lecteurs et le journal. Fondateur et directeur de Deutschlandradio et professeur honoraire à la Freie Universität, il sera à la disposition de tous pour n’importe quel commentaire : la Bild donne même son mail et une adresse. Le lecteur pourra aussi échanger en direct avec des rédacteurs en chef ou des journalistes pour leur poser toutes sortes de questions. Le quotidien fait son mea culpa: « nous aussi, nous commettons des erreurs. Chaque erreur est de trop mais quand cela se produit, nous la réparons ». Un texte signé par le directeur de la publication et la rédactrice en chef.

La Bild insiste sur l’indépendance du statut de médiateur et espère ainsi apparaitre comme "le plus sincère d’Allemagne". Pourtant le directeur de la publication, Julian Reichelt, précise dans une interview au Tagesspiegel qu’on ne peut pas attaquer les journalistes de la Bild d’avoir fait des "fake-news" car ils n’avaient pas pour intention de tromper le lecteur. C’était une erreur de leur part, sans arrière-pensée, explique-t-il en substance... Un début de mea-culpa, mais pas de remise en question générale.

 

Par Sibylle Aoudjhane (avec Amaury Guibert)