C’est une opération de transparence inédite pour l’Église catholique en Allemagne : l’archevêché de Cologne a révélé pour la première fois son patrimoine. Celui-ci est évalué – accrochez vous – à 3,35 milliards d’euros. Cette fortune, qui, pour beaucoup, paraît indécente alors que le pape François se fait l’apôtre d’une « Église pauvre pour les pauvres », est constituée de biens immobiliers (environ 612 millions d’euros), de fonds de trésorerie (240 M€) et d’autres postes divers pour 130 M€. Mais la majeure partie de la richesse de l’archevêché de Cologne, le plus riche d’Allemagne, provient des investissements d’un montant de 2,3 milliards d’euros dans des fonds immobiliers, des titres financiers et des actions en bourse.
Pour comprendre d’où vient cette fortune, il faut savoir que les catholiques (ainsi que les protestants) d’Allemagne paient ce que l’on appelle la Kirchensteuer, c’est-à-dire une taxe pour l'Église prélevée à la source et indexée à 9 % du montant de l'impôt sur le revenu. Pour Cologne, cela équivaut à 573 millions d’euros de recettes par an, soit 26 euros par mois en moyenne pour chacun des deux millions de catholiques.
Expliquant l’utilité de ce patrimoine – ou tentant de le défendre – le vicaire général du diocèse, Stefan Heße a déclaré : « notre patrimoine est financé par les catholiques, mais nos œuvres caritatives profitent à tout le monde. » Il servirait surtout au fonctionnement des églises, des écoles, des centres d’accueil. En effet, près de 2 millions d’euros sont dépensés chaque jour pour des projets humanitaires en Allemagne et dans les zones de conflit du monde entier.
Cela dit, ces révélations rappellent les mésaventures de « l’évêque de luxe », Terbartz-van-Elst, qui avait fait construire dans son diocèse de Limburg (Hesse) une résidence pour le moins contraire au credo du pape : coût final, 31 millions d’euros. Pas sûr que cette somme ait profité à tout le monde...
Par Julien Clin