La polémique sur les compléments alimentaires n'est pas nouvelle. Mais une récente étude vient en rajouter une couche. Menée sur près de 80 000 adultes français et publiée dans un bi-mensuel spécialisé, le British Journal of Nutrition, elle révèle que non seulement ces compléments alimentaires (magnésium, vitamines B6 et C, fer, calcium, zinc...) ne sont pas forcément efficaces mais qu'ils peuvent aussi s'avérer nocifs. Voici pourquoi :
Une alimentation variée et équilibrée suffit
Selon cette étude, conduite par des chercheurs français de plusieurs organismes (Inserm/Cnam/Inra/Université Paris13), les personnes qui prennent des compléments alimentaires consomment plus d'aliments bio, et ont globalement une alimentation et un mode de vie plus sains (non-fumeurs, plus d'activité physique...). En substance, ils pourraient peut-être économiser leur argent et se passer de ces compléments.
D'une façon générale, "nous ne recommandons pas la prise de compléments, mais plutôt une alimentation variée conforme aux recommandations du Programme national nutrition santé", relève l'un des auteurs.
Le risque d'interférence avec certains traitements n'est pas négligeable
Les compléments alimentaires peuvent interférer de façon indésirable avec des médicaments, confirme l'étude. Elle cite à l'appui un travail récent qui a évalué en détail 1 491 interactions entre 213 compléments alimentaires et 509 médicaments. La prise de bêta-carotène (un précurseur de la vitamine A) peut par exemple contribuer à réveiller des tumeurs latentes chez les fumeurs. Mais ce sont les médicaments ayant pour cible le système nerveux central ou cardio-vasculaire pour lesquels le plus d'interactions indésirables avec les compléments alimentaires ont été décrites.
En outre, selon Mathilde Touvier, qui a dirigé ces travaux, "des compléments alimentaires à base de produits naturels sont particulièrement contre-indiqués chez les patients atteints de cancers gynécologiques (gattilier, DHEA, trèfle rouge, luzerne, soja, igname sauvage), du sein (gattilier, DHEA, trèfle rouge, luzerne, soja, igname sauvage, cohosh noir), de cancer de la prostate (gattilier, DHEA, trèfle rouge, huile de lin) et de leucémies (échinacée)".
Un rappel qui n'est pas inutile, quand on sait que plus d'un quart des femmes et 15% des hommes prennent régulièrement des compléments alimentaires sans conseil médical, dans environ dans la moitié des cas. Objectif : se donner coup de pouce pour lutter contre la fatigue, notamment en plein hiver. Mieux vaut, visiblement, miser sur l'alimentation plutôt que d'avaler des gélules ou des ampoules. Les accros peuvent au moins consulter le Vidal spécial compléments alimentaires pour savoir où ils mettent les pieds.