Dans les kiosques vendredi dernier, les 60 000 exemplaires du hors-série ont été épuisés dans la journée. L’effet Charlie s’est étendu au magazine belge qui rend un bel hommage à la liberté d’expression.
Le blast des attentats a aussi touché le jeune groom. Mercredi 7 janvier, jour de la tuerie de Charlie Hebdo, le rédacteur en chef de Spirou, Frédéric Niffle, décide de se lancer dans un numéro hommage. Plus de 300 dessins seront envoyés à la rédaction et plusieurs planches seront commandées aux auteurs. La maquette est finie à 04h30 dans la nuit de dimanche à lundi pour partir à l’impression le matin même.
Vite fait mais bien fait. La rédaction s’est hissée sur la pointe des pieds pour voir un peu plus loin que le choc émotionnel. Et réfléchir, expliquer sans verser dans l’hyper lacrymal. On rit même en lisant ce Spirou. « Pendant plusieurs jours, les gens ont vu et revu des dessins avec des kalachnikovs ou des symboles de paix. Nous avons décidé d’avoir un peu de recul par rapport aux évènements et de faire passer le message sur la liberté d’expression » explique Frédéric Niffle.
Les héros du journal sont du combat. Les Tuniques bleues, l’Agent 212 ou Les Nombrils soutiennent la cause. Avec des témoignages, de la BD-reportage ou des souvenirs. Comme ceux de Bouzard, qui nous raconte son adolescence boutonneuse et son premier fanzine avec une question sous-jacente : Peut-on rire de tout ? Souvenirs aussi de Tarrin devant RécréA2, émission télé des années Dorothée où Cabu dessinait. Nicoby réussit en deux planches à condenser l’histoire de Charlie Hebdo.
« Nous sommes de la même famille que Charlie Hebdo, nous sommes des auteurs qui travaillons avec le dessin. Charlie Hebdo se retrouve parfois aux frontières de la liberté d’expression. Pas Spirou, il est plus consensuel. Il peut être un outil plus facile, notamment en classe ou en famille, pour débattre de la liberté d’expression. Et l’enjeu est là, ça ne vaut pas le coup de mourrir pour un dessin » ajoute le rédacteur en chef.
Initialement, les bénéfices de ce hors-série devaient être reversés à Charlie Hebdo et à leurs familles. « Charlie Hebdo a reçu déjà beaucoup d’argent, nous nous demandons si nous n'allons pas reverser la somme à un mouvement ou une association concerné par la liberté d’expression » précise Frédéric Niffle. Il est vrai qu’on est loin des 7 millions d’exemplaires de Charlie Hebdo, mais l’éditeur va imprimer 100 000 exemplaires supplémentaires qui seront en vente dès mercredi prochain et disponibles pendant quatre semaines.
Spirou "Je suis Charlie" - 2,40 euros. Hors abonnement, uniquement en kiosque ou par correspondance.