Un retour, du transgenre et une intégrale : Denis Bajram nous gratifie de la suite de Universal War one, la confusion des sexes est de toute beauté avec Chloé Cruchaudet et son Mauvais genre, enfin, l'intégrale de Ténèbres révèle tout le talent de son dessinateur Iko.
La série culte
Les talents de conteur et de graphiste de Denis Bajram ne se sont pas usés. Universal war one, publié de 1998 à 2006, est devenu une référence de la BD de SF. Le nouveau cycle, Universal War two, a toutes les chances de le devenir aussi. Le premier tome de cette série prévue en six volumes, se situe sur Mars, colonie où l'humanité est sous le contrôle plus ou moins bienveillant d'un peuple plus développé, la civilisation de Canaan. Problème majeur, notre soleil est rongé de l'intérieur par un "wormhole", un truc noir et bizarre, qui met en péril la survie des planètes. Les thèmes, les situations, nous rappellent les tensions, les conflits ou les catastrophes actuels. Etonnant, troublant même quand on sait que le scénario a été conçu en 1997. Denis Bajram est extralucide. Indispensable.
L'excellence du Mauvais genre
Incroyable récit tiré d'une histoire vraie. Pour échapper à l'horreur des tranchées de la première guerre mondiale, Paul s'est fait appelé Suzanne. Avec la complicité de Louise, son épouse, il s'est travesti en femme pendant dix ans. Un bouleversement d'identité qui va changer Paul, son couple et sa vie jusqu'au tragique. Chloé Cruchaudet signe un scénario tout en finesse où le lecteur accompagne au plus près Paul et Louise dans cette substitution. Le dessin est subtil. Le Paris popu et canaille est bien croqué en quelques plans. Mais l'espace est surtout laissé aux personnages, souvent en couple, dans des dominantes sombres de noirs, de gris réhaussées de rouge. Plus que du mois, Mauvais genre est un des albums de l'année.
Graphiste virtuose
Epoustouflant dans ses détails, remarquable dans sa précision. Le dessin de cet auteur italien, Iko, est une merveille à découvrir dans sa version noir et blanc. Ténèbres a été initialement édité en couleur par Soleil. Mais cette version gomme beaucoup trop la minutie du travail d'Iko. Elle dessert son trait, il faut donc impérativement chercher celle en noir et blanc, intégrale des trois premiers tomes éditée par Les sculpteurs de bulles. Vous la trouverez avec un peu de chance en librairie, c'est un petit tirage déjà épuisé chez l'éditeur. Côté scénario, c'est moins brillant. De l'héroïque fantasy, sans plus, avec un royaume à sauver, des méchants dragons et un élu qu'une prophétie annonçait. Bec, le scénariste, a fait mieux. On retiendra donc le graphisme, en attendant de retrouver Iko sur d'autres titres. Et ce sera dans l'Ouest américain avec la série Durango créée par Yves Swolfs dont Iko dessinera le prochain tome. Good news.