Certains prennent les chemins de traverse. Cosey est de ceux là. Auteur atypique de la série Jonathan, qui dessine comme il voyage, ailleurs et autrement.
Il est apparu dans le journal de Tintin en 1975. Jonathan n'a pourtant rien en commun avec les héros qui peuplent alors les pages du magazine des jeunes de 7 à 77 ans. "Héros, super-héros, anti-héros, je ne me sentais à l'aise dans aucune de ces catégories, se souvient Cosey. J'étais et je suis toujours plus intéressé par les personnages lunaires, inspirés de moi-même, version améliorée de l'auteur". Le visage, la silhouette, le regard bleu, Cosey et Jonathan se recoupent. L'auteur, comme son héros, parcoure les chemins, souvent d'altitude, en Inde, au Népal, dans l'Himalaya.
Dans le nouvel album, Celle qui fut, Jonathan revient sur son enfance. Il part à la recherche d'une amie qu'il pense en danger. La quête de l'autre, ami, amour, parent, est une constante des albums de Jonathan. Ses aventures sont des carnets de route vers autrui où défilent des décors fabuleux, des personnages sensibles et forts, des couleurs d'une beauté envoûtante. "Je parle de ce que j'aime, le Tibet, les voyages et je le fais passer dans mon travail" ajoute l'auteur. De retour d'un voyage, Cosey laisse décanter souvenirs et impressions dont il s'inspirera, six mois, un an ou deux ans après, pour créer une nouvelle aventure de Jonathan.
"Par le choix de mes sujets, parce que je m'implique, parce que c'est intime, je crois que je suis un peu à part dans le monde de la BD" explique Cosey. Une différence qui se retrouve aussi dans le rythme et le découpage. Pas de course- poursuite dans Jonathan, mais une douce et exotique cadence qui transporte le lecteur. Cosey choisit méticuleusement quelles et combien d'images serviront son récit. A cet auteur qui sait tout faire, le dessin, le scénario et les couleurs, manque injustement la reconnaissance de ses pairs. Son nom circule souvent en janvier avant la désignation du Grand prix au Festival d'Angoulême. En attendant les récompenses, une belle exposition dans un lieu prestigieux serait tout aussi méritée. Des projets sont en cours et pourraient bientôt voir le jour dans un grand musée parisien.