Nouveau Pif, un retour gagnant ?

Le magazine est réapparu en kiosque hier sans son gadget mais avec des jeux, des infos et surtout beaucoup de bandes dessinées dont de nombreuses rééditions. Sommaire du Super Pif dont la recette ne suffira peut-être pas à lui assurer un avenir serein.

Hier, dès la fin de matinée, plusieurs libraires étaient déjà en rupture de stock du Super Pif. Une bonne nouvelle pour l’équipe rédactionnelle en charge du projet à L’Humanité. La relance d’un titre qui fleuretait avec le million d’exemplaires vendus dans les années 1970 est un défi. Pif est devenu Super Pif, hors-série de l’été qui pourrait se renouveler en fin d’année si les ventes se confirment. Un retour prudent avec une parution hebdomadaire à exclure : « L’Humanité n’en a pas les moyens. Et ce ne serait sans doute pas viable » précise Olivier Chartrain, le rédacteur en chef dans les pages du quotidien.

 

Supermatou, indispensable super-héros à (re)découvrir dans Super Pif

Supermatou, indispensable super-héros à (re)découvrir dans Super Pif

Super Pif fait la part belle à la bande dessinée avec près de 140 pages sur 192. Des rééditions de prestige comme celle de Rahan ou de la première histoire publiée en France de Corto Maltese. L’élégance de Pratt n’a pas pris une ride. Bonne pioche aussi pour l’épisode de Supermatou. Une BD à tort un peu oubliée. Le graphisme de son auteur décédé, Poirier, est une pépite. Un dessin en rondeur, dense et expressif, aux couleurs pétantes.

Deux histoires de Placid et Muzo. L’une classique réalisée par un vieux compagnon des deux personnages, Mircea Arapu. L’autre plus surprenante dessinée par un jeune auteur belge, Netch. Avec leurs gros yeux, les personnages ont un peu l’air d’avoir pris de l’acide. On laissera juge le public dont le cœur de cible revendiqué par l’éditeur sont les enfants de 8 à 12 ans.

Placid et Muzo, version 2015 dessinée par Netch.

Placid et Muzo, version 2015 dessinée par Netch.

Etonnement aussi pour Rockeeters, comics des années 80. L’histoire d’un homme-fusée qui débute juste avant la deuxième guerre mondiale. Hommage réussi au cinéma hollywoodien de cette période, ambiance glamour et sexy, réalisé par un amateur de pin-up, le défunt Dave Stevens. A la fin des neuf pages publiées, l’éditeur nous renvoie pour la suite à l’intégrale publiée chez Delcourt !?

Deux aventures de Pif avec Hercule sont bien évidemment au sommaire. Les deux ont été scénarisées par François Corteggiani, ex-rédacteur en chef de Pif Gadget. L’une est une réédition dessinée par Clod en 1985. L’autre est une création. Enfin! Avec un nouveau dessinateur pour Pif : Richard Di Martino. Une histoire complète et engagée de dix pages : « Imagine combien de gens mal informés, désespérés, xénophobes et parfois faibles d’esprit pourraient voter aux prochaines élections pour un parti moisi… » Peut-on lire dans une des dernières cases. Faut-il y voir un virage plus politique à Pif plus enclin jadis à diffuser ses messages par la morale que par la consigne de vote ?

Pif va-t-il rebondir sur un succès avec son hors série de l'été ?

Pif va-t-il rebondir sur un succès avec son hors série de l'été ? (Dessin G. Cavazzano)

Réédition encore pour un jeu, Le train fantôme, déjà publié dans Spirou. Tout ça sent un peu la relance à moindre coût d’un éditeur, L’Humanité, dont les finances sont serrées. Le Super Pif vaut-il alors ses 5,90 euros ? Oui, et même beaucoup plus s’il arrive à toucher les jeunes lecteurs à travers ses auteurs les plus talentueux. Mais la mission semble compliquée si elle ne s’appuie que sur des rééditions sans nouveautés et reprises des héros qui ont fait sa jeunesse.

Publié par Francis Forget / Catégories : Infos / Étiquettes : Pif