L’annonce de la relance de Pif Gadget par le directeur de L’Humanité a soulevé l’enthousiasme des auteurs qui ont jadis participé au magazine. Mircea Arapu, dessinateur historique qui a prêté son trait à Pif, Placid et Muzo ou Arthur le fantôme, croit au renouveau du titre.
Le directeur du quotidien communiste L’Humanité a annoncé, sur France Info, qu’il pensait à une reprise de Pif Gadget. Comment avez-vous pris la nouvelle ?
Ça fait longtemps que je pensais qu’on devait le faire. Ça peut paraître étonnant en cette période de crise pour la presse mais moi, je l’attendais. J’ai toujours cru en la reprise de Pif Gadget, je suis très content.
La direction de L’Humanité vous a-t-elle contacté ?
Avec des anciens auteurs, nous devons rencontrer la direction de L’Humanité début octobre. Nous avions eu quelques bruits d’une possible relance avant cette annonce. Pour l’instant, les dirigeants font des recherches mais nous, les auteurs, avons quelques idées.
Vous pouvez nous en dire plus sur ces idées ?
Pourquoi, dans un premier temps, ne pas faire un supplément à L’Humanité dimanche, dédié aux enfants ? Il pourrait y avoir aussi un retour sur internet avec des animations. Nous avons tous beaucoup d’idées, il y aura le choix, à la direction de voir ce qui sera viable.
L’histoire de Pif est celle d’un succès dans les années 70 et 80 avec des tirages à un million d’exemplaires mais aussi de tentatives de reprise qui ont toutes échoué ensuite…
J’ai commencé à travailler pour Pif en 1982. Quatre ans après, il y a une première faillite, puis en 88, le titre a eu de gros problèmes financiers. Je suis allé alors travailler dans la publicité, je n’ai pas connu la terrible fin de 1992-1993. La relance en 2004 a été un succès, le premier numéro s’est vendu à 450 000 exemplaires. Quatre années après, nous faisions encore 20 000 exemplaires en kiosque et plus 10 000 en abonnement. Mais ce n’était pas suffisant. Une des erreurs est qu’il n’y avait rien en dehors de Pif. Pas comme pour Spirou par exemple, qui est adossé à une maison d’édition solide, qui publie des albums en plus de leur magazine.
Comme d’anciens lecteurs, vous êtes très attaché à Pif Gadget. Son histoire se confond avec votre parcours professionnel et personnel…
A quatre ans, j’ai fait une fugue pour retrouver Pif. Je vivais en Roumanie à l’époque et le magazine lié au Parti communiste français était diffusé là-bas. J’avais préparé une petite valise avec mes affaires et je suis parti de chez moi pour prendre le bus. Heureusement, mes parents m’ont vite retrouvé. A l’âge de 13 ans, je lisais jusqu’à 20 numéros par semaine que j’achetais d’occasion. J’ai eu d’excellents résultats en français car Pif n’était pas traduit. J’ai un lien très fort avec ce magazine, sans exagérer, c’est le lien d’une vie.