Trop à l’étroit dans les cases, Romain Renard a imaginé un prolongement à son roman graphique Melvile. Une performance où se superposent chants, textes, musiques, vidéos et dessins.
Pendant 45 minutes, l’auteur se tient debout sur scène. Accompagné d’un guitariste, il nous emmène dans sa ville; celle qu’il a imaginée. Un petit bled d’Amérique du Nord, sur le déclin et perdu au milieu de vastes forêts. On imagine facilement que la chasse y est le sport favori, le pick-up la voiture de fonction et la bière la compagne de toujours. Côté personnages, il y a Samuel Beauclair écrivain poussif. La faute à papa, lui-même romancier talentueux, qui, tel le commandeur (il est mort), vient hanter les velléités de son fils. Il faut y ajouter une femme, puis deux. Des secrets aussi et des souvenirs enfouis tendant le fil du récit.
Romain Renard en a fait d’abord une bande dessinée de 136 pages au graphisme original et à l’ambiance soignée. Avec des bonus, en réalité augmentée, pour qui possède un iPad. Visiblement, ça ne lui suffisait pas. «A l’origine même c’était une nouvelle de 50 pages que j’ai écrite. Puis sont venues la BD et la musique. Et j’ai fonctionné comme pour une musique de film à partir de mes photos, de mes vidéos et de mes dessins» explique l’auteur.
Derrière lui, sur scène, ses images sont projetées. Il alterne musiques, chants et textes récités. «J’aime bien qu'il y ait des ponts, des passerelles, des trous entre les médias avec, au centre, la narration. En fait, ce que je fais, c’est une conférence sur un sujet, une ville, Melvile et ses habitants» Romain Renard compte développer l’univers qu’il a créé en proposant d’autres récits sur d’autres personnages. En attendant, il se produira encore samedi à l’espace Franquin lors du festival d’Angoulême. « En ce moment, la BD se transforme tout doucement. J'ai envie d’explorer cette bande dessinée, là où elle devient poreuse».
Melvile: Salle Bunuel, Espace Franquin, samedi 01 février à 21h .