Silas Corey est un espion, un peu mercenaire, franchement élégant et rigoureusement dangereux pour ses ennemis. C’est la nouvelle série de Fabien Nury pour qui un héros est toujours ambigu.
Nous sommes en avril 1917, la Première Guerre mondiale finit sa sanglante trajectoire. Loin du front, la bataille fait aussi rage dans le monde politique. Georges Clémenceau suspecte le Président du conseil, Joseph Caillaux, de collusion avec l’ennemi. Sur cette trame historique, Fabien Nury a glissé un personnage : Silas Corey.
«Je n’aime pas les héros solaires» confie le scénariste. Silas Corey ne l’est pas. Le héros est fourbe, cynique et dissimulateur. Il est un espion dont on ne sait plus s’il est simple, double ou triple. Il manie sa canne épée avec beaucoup d’adresse et peu de clémence mais quelles sont ses motivations ? L’argent, la patrie ou la justice ?
En s’éloignant du style réaliste, le dessinateur Pierre Alary donne de la fantaisie au récit. Ce qui correspond bien au propos car Silas Corey n'est pas une BD d'espionnage sombre et psychologisante. C'est une histoire rythmée, avec des scènes d’action et une pointe d’humour.
Après le résistant et collabo Joseph Joanovici dans Il était une fois en France, Fabien Nury s'intéresse de nouveau à un personnage à deux visages, moitié héros, moitié escroc. Les deux premiers tomes forment une histoire complète. La BD aura une suite. Elle le mérite, ne serait-ce que pour en savoir un peu plus sur cet énigmatique Silas Corey.
Images © Nury & Alary / Editions Glénat