Un ouvrage sincère et poignant sur la deuxième génération, celle des enfants de déportés. Avec l’horreur en héritage, celui de la Shoah. Un legs qui se transmet en paroles et en non-dits, en souffrances et même en rires. Rencontre avec Michel Kichka, illustrateur de presse, qui signe avec Deuxième génération, ce que je n'ai pas dit à mon père, sa première BD. Il présentera ce récit autobiographique dimanche 24 juin au Mémorial de la Shoah et sera en dédicace le matin à la librairie du Temple à Paris.
Un auteur de BD qui témoigne de sa relation avec son père déporté, on pense tout de suite au chef-d'œuvre d’Art Spiegelman, Maus ?
Michel Kichka : Quand j’ai découvert Maus en 1986, je l’ai lu d’une traite en une heure et demie. J’ai été estomaqué. Je me suis dit qu’un jour, moi aussi, il faudrait que je raconte. Mais à la différence de Maus où Spiegelman fait parler son père, le mien a déjà écrit un livre sur ce qu’il a vécu en déportation. Ma BD est sur le poids écrasant de la Shoah sur la deuxième génération, les filles et les fils de déportés.
C’est un récit autobiographique, intime sur vous et votre famille…
MK : Je me suis projeté en arrière dans mon enfance, mon adolescence mais pas juste pour raconter ma vie. Mon petit frère s’est suicidé en 1988 et je crois avoir été le seul à comprendre le pourquoi de son geste. Il y a beaucoup d'enfants de déportés qui se suicident, pourquoi ? Pourtant, vous savez, j’ai eu une enfance heureuse.
Est-ce que ce fut difficile pour vous de ressasser tout ça et d'en faire une BD ?
MK : Ce fut surtout libérateur. J'ai commencé par faire quelques pages d'essais, j'ai trouvé un ton avec un peu d'humour et j'ai su que ça pouvait tenir la route. Graphiquement, j’ai fait du dessin pur, en noir et blanc, sans possibilité de m'appuyer sur la couleur. J'ai trouvé cela plus juste. Ca a été l'année la plus intense de ma vie.
Votre père a lu la BD ?
MK : Oui et ma sœur m'a rapporté que "Papa avait été un peu heurté par le déballage familial intime" mais je laisse le temps faire son travail.
Mémorial de la Shoah, rencontre avec Michel Kichka, dimanche 24 juin à 16h30.