Depuis que je vis dans mon quartier, depuis tout petit, j’ai vu beaucoup de comportements spécifiques à nous, habitants des quartiers. Moi, je suis scolarisé dans un lycée où je suis toute la journée avec des gens qui ne viennent pas vraiment de quartiers comme le mien et j’ai observé pas mal de différences de comportements. Selon moi, il y a une culture des quartiers qui est à part, et pourtant ces comportements sont présents dans tous les quartiers mais pas dans la « ville ». Cette culture je l’appelle: le code de la rue.
Le quartier déjà qu’est-ce que c’est ? Pour certains, c’est juste un endroit, un quart de la ville. Mais en fait pour nous c’est bien plus, c’est un mode de vie ! Un mode de vie que nous n’avons pas choisi, mais qui nous convient puisque c’est le nôtre.
Vous remarquerez que quand j’en parle, j’emploie toujours le « nous » et ce n’est pas pour rien. Le premier principe du quartier, c’est l’esprit de famille. On se sent frères et sœurs parce qu’on a grandi dans le même milieu depuis toujours. On se comprend, on est décomplexés, on peut rire de tout et se vanner. Il n’y a pas de manières entre nous.
Cette mentalité que l’on s’est forgée avec le temps nous a aussi appris les valeurs du partage. Quand on n’a pas les thunes pour quatre kebabs, on comprend très vite qu’on ne pourra pas s’en sortir sans penser aux autres. On se respecte aussi beaucoup, même si parfois on se bagarre, on reste toujours proches parce qu’on est comme une communauté. C’est difficile d’être en froid avec une personne qu’on voit tous les jours et le week-end quand on fait du foot. Alors on se réconcilie vite.
Il n’y a pas qu’entre nous, c’est-à-dire dans notre génération, que le respect est de mise. Avec les grands, qui à défaut d’être nos grands frères, sont comme des aînés qui ont déjà vécu ce que l’on vit et qui savent ce que nous ne savons pas. Quand ils nous demandent quelque chose, on le fait parce que c’est comme ça, même si parfois ils peuvent être de bons exemples pour nous comme de mauvais.
Le respect est de mise et surtout le silence. Ce que les grands font reste secret et dans le quartier. C’est mieux comme ça. On se fait confiance même entre nous. C’est important pour les liens qui nous unissent. On vit ensemble, on grandit ensemble, on vit tous un peu près la même vie et on partage ces mêmes règles. Solidarité. Décontraction. Respect.
En fait on n’est pas si compliqués. On est juste différents. Je pense qu’il faut prendre le temps de nous comprendre. C’est aussi pour ça que je vous partage un peu ce que j’appelle « la culture du quartier ».
Mohamed Abouz
