L’I.R.A., (Institut Régional d’Administration) de Bastia, et l’A.N.P.A.A., (Agence Nationale de Prévention de l’Alcoolisme et des Addictions), organisaient un colloque sur l’addiction au féminin Jeudi 4 Juin 2015, en collaboration avec la Mission Départementale aux Droits des Femmes et à l’Egalité. Objectifs : cerner au mieux cette problématique chez les femmes, sensibiliser les professionnels et s’interroger sur les représentations des addictions souvent traumatisantes, pour adapter l’accueil et le soin de cette population.
Dominique NADAUD, Déléguée à la Mission Départementale aux Droits des Femmes et à l’Egalité de Haute-Corse explique : «L’addiction au féminin est une question que, pour l’instant, on ne se pose guère ou qu’on se pose essentiellement par rapport à la maternité, alors que la question des addictions est bien plus générale. Dans ce colloque, nous nous sommes interrogés sur quelles réalités et quels fantasmes peut générer l’addiction au féminin et s’il y-a-t-il oui ou non des spécificités ?». «Ce colloque, qui s’adressait à des professionnels, a été un temps de réflexion qui a apporté des expertises et des éclairages différents. Trois champs étaient représentés dans le public : le social, le médical et l’éducatif. Il y avait, aussi, des gendarmes et des conseillers de probation et d’insertion qui travaillent avec les détenus. Il s’agissait, pour eux, de s’interroger sur leurs pratiques et sur la façon d’aborder ces conduites addictives dans le cadre de leur travail».
Globalement, les femmes consomment beaucoup plus de tabac et de psychotropes que les hommes et sont bien plus sujettes aux dépendances alimentaires, (anorexie, boulimie), aux achats compulsifs et aux jeux d’argent… « Parce que souvent les femmes sont réduites à la dimension de mères. On se préoccupe surtout des addictions avant ou pendant la maternité. C’est assez réducteur ! La question transversale de ce colloque est, finalement, celle de l’égalité femme/homme dans tous les domaines, y compris celui de la santé. Se posent aussi la question des violences et celle des interactions entre l’addiction et le comportement », poursuit Mme NADAUD.
Fabienne GERARD, Directrice de l’A.N.P.A.A. de Haute-Corse : «Il existe encore, dans la société, certaines représentations par rapport aux femmes et à leurs addictions. Ces représentations peuvent être stigmatisantes. Souvent, dans l’opinion populaire, la femme alcoolique ou toxicomane est considérée du point de vue de la mère, voire même comme une femme facile. C’est pour cela que nous avons proposé ce thème : «Addictions au féminin : mythe, réalité et enjeux». Physiologiquement, les femmes vont subir des dommages plus rapides. Psychologiquement, ce sont souvent des femmes ayant eu un vécu difficile dans l’enfance avec des violences et un attachement insécure.
Et de conclure sur le binge-drinking qui est le phénomène à risque qui s’est le plus développé dans l’île : «Ce phénomène anglo-saxon très médiatisé, qui est arrivé chez nous il y a une dizaine d’années, est une autre façon de consommer l’alcool. La consommation a évolué également vers la poly-consommation, c’est-à-dire l’alcool associé à d’autres produits comme les drogues illicites. Les jeunes s’alcoolisent de façon très massive dans les beach-party, les festivals de musique, les soirées privées… Le jeune boit beaucoup, non parce qu’il aime l’alcool, mais parce qu’il veut obtenir un effet rapide. Le risque est de faire un malaise, un coma éthylique, des rapports sexuels non voulus ou non protégés, un accident de la route… L’alcool et la route sont la première cause de mortalité des 15-24 ans en France et en Corse».