Cannabis, quand Mme Touraine veut interdire un e-cigarette qui n’en contient pas…

Je vous propose de lire sur ce sujet, les articles de Jean-Yves Nau  http://jeanyvesnau.com/2014/12/16/cannabis-marisol-touraine-veut-interdire-une-cigarette-electronique-qui-nen-contient-pas/ et du Dr William Lowenstein, président de l’association SOS-Addictions

La commercialisation d'une cigarette électronique permettant de vapoter un composant du chanvre, le CBD, ouvre ce jour la porte à bien des exagérations et à des approximations dangereuses.

Le cannabis décidément ne rend pas intelligents, aussi bien ceux qui en fument trop et trop tôt que ceux qui n'en fument pas mais en parlent, droits dans leurs petites bottes.

Passe encore -ou pas !- que plusieurs journalistes préfèrent l'accroche ("le joint électronique") à l'analyse des effets du composant proposé à la vente et de sa faible concentration, mais comment comprendre la sortie immédiate de notre pourtant éclairée Ministre de la Santé ?
Interdire, il faut interdire !
Pour qui, pourquoi ?
Pour protéger notre jeunesse du cannabis, évidemment...Mieux vaut tard que jamais et on ne change pas une équipe, une méthode qui perd...

Notre pays ne laisse décidément aucune possibilité à un ou une responsable politique de nuancer ses propos dès que le mot cannabis est prononcer. Il faut vite dégainer sous peine de se voir accuser de laxisme ou d'irresponsabilité.

Cela frôle le reflexe pavlovien. A tel point qu'on peut imaginer qu'un bon stratège en com ou en marketting a joué sur ce réflexe conditionné pour assurer la promotion de son produit.
Car parlons du produit : en rien il ne s'agit de THC ou de 9-delta-THC dont les effets psychoactifs modifiant la pensée, l'humeur, la relation aux autres, le sommeil et la sensorialité sont ceux recherchés par la plupart des usagers de joints. Le liquide proposé au vapotage est du CBD dont les actions psychoactives sont bien plus limités, avec des effets "anti-stress" qui restent à démontrer par cette voie, à cette chaleur et à cette concentration.
Puisque les comparaisons sont faites pour les petits animaux domestiques que nous devenons dès que nous parlons du cannabis ou chanvre, j'en proposerai deux :
- imaginons nous crier au sabotage de la lutte contre l'alcoolodépendance si apparait sur le marché une bouteille des plus modernes .... de jus de raisins ?
- imaginons nous mettre sur le même plan addictif la mastication de feuilles de coca et la consommation de cocaine basée (ou crack) ?

En supposant que cette cigarette de CBD dite électronique (comme les autres, elle n'a pas grand chose d'électronique) ait quelque effet sédatif ou anxyolitique, n'est-ce pas l'occasion, de continuer notre réflexion scientifique -et non plus politique- sur les différentes molécules du chanvre et leurs possibilités thérapeutiques ? Madame Marisol Touraine l'avait bien compris pourtant en promouvant le Sativex pour 2015.

N'est ce pas aussi l'occasion devant la réalité des usages persistant malgré nos grandes proclamations et nos interdictions à répétition, d'initier des stratégies de réduction des risques protectrices face au cannabis fumé dont les filtres "marocains"ou cartonnés n'empêchent en rien les inflammations des voies aériennes et les risques cancérigènes ?

Que ce soit pour la e-cigarette ( principale, pour ne pas dire 1ere, avancée efficace contre les méfaits du tabagisme), que ce soit pour le cannabis, la frilosité ne peut plus être une approche sanitaire recevable pour ce qui nous concernent tous : la prévention et la réduction des risques des addictions.

Dr William Lowenstein
Interniste et addictologue
Président de SoS Addictions
www.sos-addictions.org