Le cannabis rend-il schizophrène ?

Encore une étude qui démontrerait le lien schizophrénie/cannabis ! Si nous en restions à la flambée de la consommation du cannabis en France, la courbe de la prévalence de cette pathologie devrait atteindre des sommets. Nous devrions être entourés de psychotiques, pourtant il n'en est rien !

Mais en Suède, une étude réalisée prouve que la consommation de cannabis multiplie par 6 le risque de schizophrénie. Le cannabinol, extrait de cannabis, est pourtant prescrit à dose thérapeutique dans la prise en charge de cette pathologie. Les patients atteints de ce trouble psychiatrique sont ils plus sensibles aux effets du cannabis ? Le Pr Amine BENYAMINA, Psychiatre et Responsable de l’unité fonctionnelle d’addictologie à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP), souligne :

«C’est un fait, beaucoup de patients schizophrènes fument des joints. Et inversement, beaucoup de consommateurs de cannabis souffrent de cette psychose. Mais le lien de cause à effet est difficile à confirmer. D’autant que la schizophrénie est complexe à diagnostiquer. Dans certains cas, les symptômes sont clairement identifiés : hallucinations, bouffées délirantes. Mais le diagnostic est souvent moins évident. Des signes plus insidieux apparaissent comme l’apathie, un manque d’émotivité, des difficultés à s’organiser dans la vie de tous les jours, mais aussi des troubles de la concentration et de la mémoire. Chez la majorité des patients atteints de schizophrénie, les premiers symptômes surviennent à l’âge le plus propice aux comportements addictifs, soit entre 15 et 25 ans. C’est aussi la période où se fait la maturation cérébrale ».

Schizophrène avant d’être dépendant :

Drogue illicite la plus consommée, le cannabis entraînerait des dommages important sur le plan cognitif. Conséquences : une consommation élevée et précoce de cannabis peut mener à la dépression, aux troubles de la personnalité, voire aggraver ces symptômes caractéristiques de la schizophrénie. En effet, chez un patient sujet à la schizophrénie, la consommation de cannabis amplifie le trouble, mais ne le provoque pas. «La prédisposition génétique a une rôle très important dans le déclenchement de cette pathologie».

D’autres facteurs de vulnérabilité sont clairement identifiés :

1/ La précocité de consommation : «Un jeune qui commence à fumer du cannabis à 12 ans est davantage exposé au risque de développer une schizophrénie qu’à l’âge de 30 ans», explique le Pr BENYAMINA.

2/ La qualité du cannabis : un jeune qui consomme du cannabis fortement dosé en tétrahydrocannabinol, (THC) présente plus de risque de développer une schizophrénie.

3/ Le terrain génétique : un jeune qui a des antécédents de schizophrénie et/ou de bipolarité dans sa famille a plus de risque d’être touché à un certain degré par la schizophrénie.

En clair, tout produit psycho-actif est dangereux sur une personnalité fragile et chez les jeunes !

Source : Interview du Pr Amine BENYAMINA, Psychiatre et Responsable de l’Unité Fonctionnelle d’Addictologie à l’Hôpital Paul-Brousse, (AP-HP) - août 2014.