Alcool et grossesse : "Arrêtons de faire culpabiliser les mères".

Peut-on punir une femme parce qu'elle a bu pendant sa grossesse ? L’une d’elle est jugée au Royaume Uni car sa fille présente des séquelles physiques et des retards d'apprentissage, qui, selon les experts, seraient la conséquence de sa consommation d'alcool alors qu'elle était enceinte. Si la Cour d'appel la condamne à verser des indemnités, il se pourrait bien que le cas fasse jurisprudence et amène à la répression de la consommation d'alcool pendant la grossesse comme c'est déjà le cas aux Etats Unis. "C'est incroyable que l'on s'attaque à cette femme», s'insurge Denis LAMBLIN, Pédiatre et Président de l'Association S.A.F., (Syndrome d'Alcoolisation Fœtale) France. «Au lieu de faire culpabiliser les mères, il faut prendre conscience que la responsabilité n'est pas entièrement la leur mais aussi celle de la société qui rend taboue la maladie de ces femmes, des alcooliers qui ciblent de plus en plus les femmes en âge de procréer, du manque de prévention...". Le médecin, qui a suivi des centaines de femmes "malades de l'alcool" précise que la boisson était pour elles "un médicament en vente libre, le médicament de la souffrance en l'absence d'interlocuteur vers qui se tourner".

Le logo sur les bouteilles ne suffit pas :

Chaque année en France, plus de 8000 enfants sont victimes de la consommation d'alcool pendant la grossesse de leur mère. C'est un "enjeu de santé publique urgent" estime le Dr LAMBLIN, pour qui la prévention -dès l'adolescence- et la formation des personnels de la santé sont cruciaux. Le logo "zéro alcool pendant la grossesse" instauré en 2007 a été un premier pas, d'autant plus que la France est le seul pays européen a l'avoir imposé. Mais "cette mesure ne va pas assez loin», estime le médecin. «Aujourd'hui, c'est à qui réussira le plus à le camoufler sur son étiquette, alors qu'il faudrait imposer une taille standard. Pourquoi a-t-on des photos de foetus mal formés sur les paquets de cigarettes alors que les conséquences du tabac lors d'une grossesse sont moins dramatiques que celles de l'alcool ?».

400 pathologies peuvent être liées à l'absorption d'alcool in utero :

Le nombre d’enfants souffrant des séquelles dues à l'alcool est très élevé : "Cela concerne une naissance toutes les heures" souligne le Président de S.A.F. France : «Un nourrisson sur cent dans notre pays souffre de retards psychomoteurs, de troubles de l'attention et/ou du comportement liés à l'exposition à la boisson in utero. Chez un enfant sur 1000, les atteintes sont encore plus sévères, (grave retard de croissance, malformations, déficience intellectuelle...), et correspondent à ce que l'on appelle le Syndrome d'Alcoolisation Fœtale, (S.A.F.). C'est la première cause de handicap mental non génétique à la naissance. Il y a plus de 400 pathologies chez l'enfant qui peuvent être liées à l'absorption d'alcool in utero".

D’après une étude réalisée en 2010 par l'INSERM, 23% des femmes ont déclaré avoir consommé de l’alcool et 2% d'entre elles avoir bu au moins trois verres lors de leurs grossesses

Je vous propose un article que j'avais écrit sur le Plus du Nouvel Observateur où le principe de précaution me semble être la règle dans ce domaine : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1153602-boire-enceinte-pas-si-nocif-si-l-alcool-doit-etre-interdit-pendant-toute-la-grossesse.html

Source : Revue l’Express.