Couple, violence et cannabis

Mercredi 27 août, des chercheurs des Universités Yale, de Buffalo et Rutgers ont publié une étude reprise par la revue scientifique Psychology of Addictive Behaviors et par le quotidien britannique The Independent. Ils sont suivi 634 couples pendant 9 ans en leur soumettant à échéances régulières des questionnaires sur leur consommation de drogue et d’alcool et sur les violences dont ils auraient pu être victimes de la part de leur partenaire pendant leur mariage. Ils en ont conclu que plus le couple fume du cannabis, moins on retrouve de cas de violence en son sein. La corrélation entre cannabis et non-violence serait donc très nette.

Qu’en pensez ? Le cannabis est un produit plutôt sédatif, apaisant. On pourrait donc mettre en lien les effets du produit sur la capacité de ces couples à résoudre les difficultés. Pas vraiment étonnant à mon sens. Si une telle étude était effectuée sur cette même population avec de l’alcool, il est fort à parier que les résultats pourraient s’inverser. L’effet désinhibiteur de l’alcool jouerait probablement plutôt comme une levée des interdits ou des codes sociaux et majorerait la violence. Pure conjecture, je l’avoue car aucune étude à ma connaissance n’a été effectuée avec ce triptyque, alcool, couple et violence. Ce qui est par ailleurs assez étonnant !

Concernant l’étude sur le cannabis, les chercheurs avancent d’autres explications : «Il est possible par exemple que (…) les couples qui utilisent de la marijuana ensemble puissent partager des valeurs similaires et un même cercle social et que ce soit cette similarité qui soit responsable de la faible probabilité de conflits», tout en précisant que les consommateurs font preuve «de réactions émotionnelles émoussées face à un stimuli de menace». On ne peut donc exclure cette hypothèse.

Mais il semble tout de même évident que les effets du cannabis peuvent apaiser les différents acteurs, (contrairement à l’alcool), même si des réactions individuelles peuvent varier au contact du produit. Par contre, dans le cas d’une utilisation pathologique, il peut devenir le catalyseur d’un conflit. Comme tout produit psycho-actif, son utilisation peut être problématique, même si l’accrochage corporel au cannabis reste inférieur à celui de l’alcool (10 à 15¨% des consommateurs seraient dépendants, ce chiffre faisant parfois débat). Le mésusage et la dépendance est donc possible et on peut difficilement imaginer dans ces conditions les vertus apaisantes du produit dans un couple.

En conclusion, on peut réellement penser à l’existence d’effets bénéfiques du cannabis, même s’il ne peut être bien évidemment une solution à long terme. Partisan d’une dépénalisation/légalisation, j’ai toujours soutenu  qu’il est de toute évidence beaucoup moins toxique que l’alcool, pourtant autorisé. (L’interdiction ne fonctionne pas, nous sommes le pays le plus répressif en la matière mais le premier consommateur en Europe !) D’autant qu’il peut être aussi très intéressant dans une utilisation thérapeutique pour de nombreuses pathologies (anorexie, douleurs neurologiques chroniques, spasmes de la sclérose en plaque…) en ayant bien moins d’effets secondaires que la plupart des autres médicaments utilisés dans celle-ci.