Beaucoup de patients alcoolo-dépendants « sevrés » ont des difficultés à boire de l’eau plate, qu’ils trouvent sans goûts ni saveurs. Habitués à « sentir » le liquide avalé, ils se tournent très souvent (du moins au début) vers des boissons type sodas, eaux pétillantes… Concernant les boissons sucrées comme le Coca ou le Schweppes, les inconvénients principaux sont liés aux nombre de calories de ces produits, (surpoids possible), et à leur acidité, (problèmes dentaires). L’impact sur la santé reste tout de même relativement limité.

 Mais que dire des boissons sans alcool ?

Dernièrement, Kronenbourg enrichit son offre avec le lancement de la bière 1664 « sans alcool ». Sauf que !

Titrant 0,5° d’alcool, elle est conforme à la législation française qui autorise la dénomination « bière sans alcool » pour toutes les bières avec un taux d’alcool inférieur à 1,2° ! Surprenant non ? Comment peut-on qualifier de telles boissons « sans alcool » quand elles peuvent titrer de 0,5 à 1,2° ?

Cette légèreté du législateur m’amène à déconseiller fortement mes patients à user de ces boissons. La mémoire biologique corporelle de l’alcool peut parfois réveiller chez le patient des envies, (appelées craving dans notre jargon), et par conséquence majorer le risque de rechute.

De plus, entretenir le goût, continuer à « savourer » des boissons de ce type peuvent provoquer les mêmes effets. La dépendance à l’alcool est complexe. L’aspect gustatif et olfactif en fait partie. Alors bières, vins ou pastis sans alcool sont, à mon sens, à éviter même s’ils peuvent être tentants ou paraître comme faussement inoffensifs. Si j’osais une comparaison, ce serait celle du fumeur, qui, à une époque, pouvait essayer d’arrêter en fumant des cigarettes à l’Eucalyptus, par ailleurs tout aussi toxiques !

Et pour finir, rappelons nous la publicité des années 80 sur le Canada Dry qui « est doré comme l'alcool, son nom sonne comme un nom d'alcool... mais ce n'est pas de l'alcool », et que nous pourrions, de nos jours, attribuer à ces bières et autres boissons sans alcool, sauf que… !