L'Agence de Presse Médicale (APM) vient de publier ce jour les résultats d'une étude sur l'utilisation d’une application Smartphone pour aider les patients à moins boire ; Voici, ci-dessous, les résultats de l’étude :
WASHINGTON, 31 mars 2014 (APM) - Une application pour smartphone permet d'aider des patients dans leur démarche de sevrage alcoolique, les incitant à moins boire ou à demander un soutien en cas de besoin, montre une étude américaine à paraître dans JAMA Psychiatry.
Une prise en charge en continu favorise le sevrage des personnes alcooliques mais dans la pratique, peu d'entre elles en bénéficient, faute de moyens suffisants. Les nouvelles technologies semblent offrir un nouveau moyen de traiter ces patients, indiquent David Gustafson de l'université du Wisconsin à Madison et ses collègues.
Dans le cadre de ce projet financé par le National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (NIAAA, dépendant des National Institutes of Health -NIH- américains), les chercheurs ont développé une application (A-CHESS* pour Addiction-Comprehensive Health Enhancement Support System) permettant aux patients d'avoir un soutien presque n'importe où et n'importe quand.
Ils ont accès à des services statiques, comme des séances de relaxation audioguidée, ou interactifs, comme un système d'alerte par GPS s'activant pour le patient à l'approche d'un des bars qu'il avait l'habitude de fréquenter et lui demandant s'il souhaite vraiment être à cet endroit. Les patients peuvent aussi entrer en contact rapidement avec au moins deux personnes de leur choix en appuyant un bouton "panique".
Les chercheurs ont inclus 349 patients alcoolodépendants, pris en charge dans trois centres de désintoxication, avec un traitement comprenant une thérapie cognitivocomportementale, des entretiens motivationnels, de la psycho-éducation, de la thérapie de groupe.
A la sortie, ils ont été randomisés en deux groupes, l'un suivant une prise en charge classique pendant un an et l'autre ayant en plus la possibilité d'utiliser l'application smartphone pendant les huit premiers mois sur l'année d'étude. Dans aucun cas, une prise en charge en continu n'était proposée.
Aucun patient n'a quitté l'étude mais 14 parmi les 170 auxquels un smartphone a été remis n'ont transmis aucune donnée, comme 21 dans le groupe contrôle.
Au cours des huit mois de suivi, les patients ont utilisé l'application sur une centaine de jours (41,1% de la période d'étude) et ont consulté 1.967 pages en moyenne. Ils étaient 71,8% à avoir appuyé au moins une fois sur le bouton "panique".
Les résultats montrent que globalement, les patients utilisant l'application smartphone présentaient en moyenne 1,39 jour de consommation d'alcool à risque, c'est-à-dire le nombre de jours au cours desquels la consommation dépasse quatre verres standard (environ 14 g d'alcool pur) en deux heures pour un homme et trois verres pour une femme.
Le groupe contrôle présentait en moyenne 2,75 jours de consommation à risque, ce qui était statistiquement supérieur.
Il apparaît que la différence était statistiquement significative à quatre mois de suivi et à un an, quatre mois après la fin d'utilisation de l'application smartphone.
Les chances d'abstinence au cours du mois passé étaient significativement accrues chez les patients utilisant l'application smartphone, avec un risque relatif rapproché (OR) de 1,7 par rapport au groupe contrôle à quatre mois de suivi, de 1,94 à huit mois et 1,65 mois à un an.
En revanche, il n'a pas été possible de mesurer de différences significatives sur les conséquences négatives de l'alcoolisme (comportements violents, problèmes d'argent, de famille, chômage, délits, accidents...).
Ces résultats suggèrent qu'une application smartphone avec des fonctions diverses semble être pratique dans le cadre d'une prise en charge en continu de patients alcoolodépendants, concluent les chercheurs, faisant observer que des milliers d'applications dans le domaine de la santé sont déjà disponibles mais que très peu ont été évaluées de manière rigoureuse.
Cette application, qui sera commercialisée en juillet aux Etats-Unis, a été mise au point par le consortium CHESS rassemblant des universitaires et des organismes de soins pour développer de nouveaux outils d'éducation thérapeutique, d'accompagnement et de soutien aux patients.
(JAMA Psychiatry, édition en ligne du 26 mars)
ld/ab/APM polsan