Concernant le projet d'ouverture d'une « salle de consommation à moindres risques » à Paris, le Ministère de la Santé, en date du 10 Octobre, avait déjà informé que le Conseil d'Etat "recommande d'inscrire le dispositif dans la Loi". Concrètement, cette position remettait déjà en cause la stratégie adoptée pour expérimenter ce que ses opposants appellent "une salle de shoot". Cette dernière devait ouvrir au mois de Novembre dernier, dans le 10ème arrondissement de Paris. La Ministre de la Santé avait alors indiqué que le gouvernement présenterait un projet de loi pour «sécuriser juridiquement» le projet.
Pour rappel : l’objectif de ces espaces supervisés par des professionnels de santé est de réduire les risques d'infections ou d'overdoses liés à la consommation de drogues par les plus précaires et également d’en limiter les nuisances pour le voisinage dus à l'usage de stupéfiants dans les lieux publics.
Pour les acteurs de ce dossier, cette expérimentation ne nécessitait pas de modifier la loi de 1970 qui interdit l'usage de stupéfiants, Loi par ailleurs déjà aménagée. Il aurait donc suffit de publier un décret qui permettait d'élargir les prérogatives jusque-là accordées aux lieux d'accueil des toxicomanes, comme les C.A.A.R.U.D., où il est par exemple possible de distribuer du matériel tel les seringues, sans risquer d'être poursuivi pour facilitation de l'usage des drogues.
L'Académie Nationale de Pharmacie a également émis un avis défavorable à "l'expérimentation de salles d'injection contrôlée de “drogues de rue" telle que définie dans le projet prévu par le gouvernement dans un communiqué du 3 mars, la société savante ayant pour rôle d'émettre avis et recommandations. L'Académie a plutôt demandé un "renforcement des moyens alloués aux centres de soins pour toxicomanes et aux unités d'addictologie" qui prennent en charge 170.000 patients pour des "traitements de substitution" à la drogue, en vue d'un sevrage.
A l'inverse, l'ANPAA (Association nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie) souligne au contraire que ces salles "encadrées par des professionnels de santé offrent un espace de consommation sécurisée dans des conditions d'hygiène acceptables, avec notamment un contrôle des substances apportées". Ces lieux s'adresseraient en priorité "à une population urbaine d'usagers (...) particulièrement précarisés qui ne peuvent pour l'instant s'engager dans une démarche de soins". Elle précise qu'elles permettraient "de réduire les overdoses" et de "freiner la transmission des agents infectieux", en premier lieu des virus du sida et de l'hépatite C par les seringues usagées, et contribueraient "également à l'amélioration de la sécurité publique"
A suivre