Le Syndicat des Jeunes Biologistes Médicaux, (SJBM), vient de publier sur son blog une information intéressante sur l’intérêt et la pertinence des auto-tests de dépistage du cannabis. En voici les principales conclusions :
«Les autotests urinaires : un moyen de prévention à saluer ? Malheureusement non... Dans ce contexte et afin de responsabiliser les usagers, des autotests de dépistage urinaire viennent d’être commercialisés en s’appuyant notamment sur le réseau des buralistes, (mais aussi Pharmacies, Centres Automobiles).
Le principal intérêt théorique de ces tests «grand public», abondamment mis en avant par la Société les commercialisant, serait qu’un conducteur puisse s’auto-tester avant de prendre le volant et ainsi éviter de conduire sous l’emprise du cannabis. Si le but annoncé de ce test est louable, en pratique il est loin d’être atteint. L’utilisation d’un tel auto-test de dépistage s’avère même particulièrement dangereuse.
En effet, si la présence de cannabis peut être recherchée dans le sang, la salive ou l’urine, les temps d’apparition et de persistance des principes actifs du cannabis, (ou de ses métabolites), varient fortement selon le liquide biologique utilisé. Prenons l’exemple de la consommation d’un joint de cannabis. Si le cannabis ou ses métabolites se retrouvent très rapidement, (en quelques minutes), dans le sang ou la salive, ce n’est pas du tout le cas pour l’urine. En effet, il faut environ 6 heures avant que ces tests urinaires, (qui détectent un métabolite du cannabis et non le delta-9 THC lui-même), affichent un résultat positif. Cela signifie que pendant ces 6 heures-là, où les effets psychotropes du cannabis sur la conduite sont les plus puissants, le résultat du test sera paradoxalement négatif ! Ainsi, le conducteur prendra le volant de bonne foi, mais sera un danger pour lui-même et pour les autres. De plus, si le cannabis et ses métabolites s’éliminent assez rapidement du sang et de la salive, (ils disparaissent en environ 10h en l’absence de nouvelle consommation), ils resteront par contre présents plusieurs jours dans l’urine, (2 à 30 jours, mais sans effet sur la conduite).
Avec ces auto-tests utilisant l’urine comme milieu biologique de détection, nous sommes donc face à un double et dangereux paradoxe : ils permettent à des conducteurs de prendre le volant alors qu’ils sont sous l’emprise du cannabis et interdisent à d’autres de conduire pendant plusieurs jours alors qu’ils ne représentent plus aucun danger en matière de sécurité routière. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la police nationale a adopté des tests de dépistage salivaires en remplacement des tests urinaires depuis quelques années, eux-mêmes toujours suivi d’une confirmation par prélèvement sanguin».
Source : http://blog.sjbm.fr/wp-content/uploads/2014/02/CDP-autotests-cannabis-SJBM.pdf