Baclofène, suite...

L’Agence Nationale de Santé du Médicament, (A.N.S.M.), a publié ses débats sur le Baclofène. Il en ressort que :

  • «au moins 50 000 personnes ont été prises en charge depuis 2008 pour une alcoolo-dépendance traitée au Baclofène».
  • «à petite dose, il est sans effet. A haute dose, il donne des résultats. L’Agence avance à petits pas, recommandant une quantité initiale faible, avant une hausse progressive».
  • l’A.N.S.M. se prononce pour une durée maximale de prescription et de délivrance de quatre semaines.
  • l’Agence recommande “une décroissance progressive, compte tenu des risques neurologiques et psychiatriques élevés en cas de sevrage brutal”.
  • les effets indésirables sont importants mais “les inquiétudes concernant des risques de cancers ou de troubles sanguins ne sont pas confirmées».

Ce médicament n’a pas encore reçu l’A.M.M., (l’Autorisation de Mise sur le Marché). Que cela veut-il dire ? Cette molécule est prescrite, (et a donc l’A.M.M.), pour les troubles de la spasticité, (contractures), de la sclérose en plaques. Et seulement pour cette pathologie ! Des études en milieu hospitalier et chez les médecins libéraux sont en cours et nous devrions en connaître les résultats courant 2014. Cela incite donc à la prudence.

Ni pour, ni contre… ! J’ai déjà évoqué ce sujet dans des posts précédents. Bien évidemment, pourquoi se passer d’un médicament si celui-ci a fait ses preuves. Sauf que pour l’instant, à part quelques études dans certains C.H.U. et la prescription par certains médecins généralistes, rien ne permet d’affirmer scientifiquement son efficacité dans la dépendance à l’alcool et surtout son absence de toxicité aux doses recommandées. L’expérience malheureuse du Médiator, détourné de son indication principale, devrait inciter certains professionnels à la prudence et surtout, ne pas présenter cette thérapeutique, comme miraculeuse !

Beaucoup de patients souffrent de cette addiction, entrainant leur entourage dans des difficultés majeures. Alors bien sûr, beaucoup d’entres eux se raccrochent à ce traitement, relayé par les médias et annoncé comme LE traitement magique. Mais cette maladie n’a pas uniquement une causalité chimique. Elle est une pathologie du lien, du psychique comme du somatique, une maladie sociétale… et chaque «buveur guéri» pourrait en témoigner. Laissons donc aux professionnels le temps nécessaire pour en évaluer la pertinence et la dangerosité éventuelle, même si, et cela est bien compréhensible, pour les malades et leurs familles, le temps presse…