La prise en charge des toxicomanes : un enjeu politique municipal ?

La première «salle de consommation à moindre risque», (bien moins péjoratif que l’appellation «salle de shoot»), devait ouvrir en novembre à Paris dans le 10° arrondissement, à proximité de la gare du Nord.

Des associations dont «Parents contre la drogue» avaient déposé un recours devant le Conseil d’Etat, qui vient de statuer. Il évoque la nécessité de modifier la loi de 1970 qui interdit l’usage de stupéfiants. L’article 4c de la Convention Unique de New-York 1961 prévoit pourtant des dérogations à la prohibition dans le cadre «d’expérimentation scientifique à but compassionnel».

Mme HIDALGO, première adjointe au Maire de Paris, vient d’affirmer qu’une ouverture possible avant les élections municipales de mars était bien compromise…

Cette expérimentation, très controversée depuis le début deviendrait-elle un enjeu électoral ? A n’en pas douter au vue des réticences de nos élus à faire avancer le projet. Ces salles ont pour objectif de permettre aux toxicomanes de s’injecter leurs produits proprement. Il existe déjà, depuis 2005, des C.A.A.R.U.D., (Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogues). Ces structures offrent déjà aux toxicomanes en situation de précarité, (pléonasme ?), des kits contenant le nécessaire pour atteindre cet objectif mais ne prévoit pas la consommation. Tout cela ressemble à une hypocrisie savamment organisée. Nous vous fournissons ce qu’il vous faut pour vous shooter mais nous ne voulons pas savoir où et comment vous le faites. (Cachons ce qui pourrait déranger).

Plusieurs pays, (dont l’Allemagne, l’Australie, le Canada, l’Espagne, la Suisse…),  ont déjà créé des «centres d’injection supervisées», permettant ainsi aux toxicomanes de bénéficier de conseils et d’aides spécifiques dans l’objectif d’une diminution des risques liées aux injections. Rappelons simplement que ces patients vont venir en soins après 10 ou 15 ans de conduites à risque, temps nécessaire à l’acceptation de leur pathologie et la nécessité d’une aide au sevrage. Si nous pouvions les recevoir sans qu’ils soient porteurs du virus de l’Hépatite C ou du SIDA, cela éviterait des complications qu’il n’est pas utile, me semble-t-il, d’expliquer ici.

Comme pour d’autres problématiques addictives, (débat autour du cannabis entres autres), passer outre l’avis du conseil d’Etat, (voir l’article de la Convention de New-York 1961), demanderait un courage politique qui semble faire défaut actuellement.

A suivre….