Il n'existe pas de drogues douces !

Dans une publication de futura-sciences.com, un article consacré au cannabis est intitulé : "Le cannabis n'a rien d'une drogue douce". Arrêtons nous un instant sur ce concept de drogues dures/drogues douces.

Tout d'abord ce modèle de conceptualisation de l’évolution d'une toxicomanie est dépassé depuis de nombreuses années. La théorie de l'escalade, (la cigarette amenant au cannabis puis à l’héroïne...), est erronée : un patient qui doit "accrocher" à l’héroïne y viendra, la prise de certains toxiques en amont n'étant pas un passage obligé.

De plus, arrêtons de penser qu'il puisse exister des drogues dites "douces" qui, en opposition aux drogues "dures", seraient moins toxiques. Il existe simplement des toxiques ayant un pouvoir addictogène, (potentialité d'instaurer une dépendance), plus ou moins important sur une personnalité fragile.

Prenons quelques exemples :

- L'alcool est un produit très addictogène dont le sevrage est extrêmement complexe. De plus, il est le seul produit qui peut conduire à un décès si son arrêt n'est pas surveillé et/ou encadré médicalement, (pour les patients dépendants). Oui, on peut, en l'arrêtant, en mourir ou déclencher des pathologies neurologiques gravissimes ! (Pour faire court, des démences alcooliques irréversibles). Dans la conception dépassée des drogues douces et dures, il appartiendrait à la deuxième catégorie !

- Le cannabis a un pouvoir addictogène inférieur à l'alcool. Environ 15 à 20% des consommateurs seraient dépendants. Se sevrer seul ne pose la plupart du temps aucun problème. Certes, il n'est pas anodin, il peut provoquer des troubles psychiatriques, somatiques..., mais rien de comparable, à mon sens, à l'alcool.

- L’héroïne représente dans l'inconscient collectif LE produit du toxicomane. Très addictogène, il ne présente pourtant quasiment aucun risque à l'arrêt, si ce n'est de violentes douleurs corporelles, des angoisses importantes..., mais pas de risque vital ! Je vais peut-être surprendre ou choquer mais il faut savoir que sa consommation n'a pas vraiment d'impact sur la santé si ce n'est l'installation d'une très forte dépendance. En clair, un individu qui se piquerait "proprement" avec une héroïne "propre" pourrait le faire sans conséquence si ce n'est l'obligation d'augmenter les doses, (l'effet tolérance). Les conséquences de cette dépendance sont plutôt judiciaires, (en relation avec des actes délictueux pour se procurer de l'argent pour se payer sa dose), sociales et professionnelles, (isolement...).

Il est donc plus intéressant d'aborder les problématiques addictives à partir des fragilités individuelles plus que par l'approche par produits.