Dans un rapport remis le 7 juin à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), une quinzaine d’experts réclament la mise en place de mesures radicales pour lutter contre la consommation excessive de drogue et d’alcool en France. Le rapport condamne également le manque de connaissance des dégâts causés par l’addiction.
Le rapport sur « les dommages liés aux addictions et les stratégies validées pour réduire ces dommages » remis à Danièle Jourdain-Menninger, présidente de la MILDT, pointe du doigt les dégâts de certaines drogues de synthèse dont la consommation progresse ou stagne au sein de la population.
La consommation d’alcool, notamment chez les jeunes, inquiète les médecins, addictologues, criminologues et psychiatres auteurs du rapport. « Aujourd’hui, ces "épidémies" industrielles dépassent largement les épidémies infectieuses », constatent-ils.
Afin de lutter efficacement contre les dégâts directs et collatéraux provoqués par la consommation d’alcool et de drogue, le groupe d’experts préconise un certain nombre de mesures radicales comme la hausse des taxes, la fin des publicités sur Internet et l’harmonisation des délits concernant la consommation de drogues licites et illicites.
Augmenter les taxes sur l’alcool et le tabac : Les auteurs du rapport souhaitent que les pouvoirs publics s’engagent à revoir à la hausse la fiscalité sur l’alcool, en unifiant les taxes sur la boisson. Ils partent du constat que « pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la santé publique, les gouvernements épargnent systématiquement le vin. » Dans la législation actuelle, la taxe sur le vin s’élève en effet à 3,55€ par hectolitre, contre 56€ pour les muscats et 600€ pour un whisky à 40°
Bientôt la fin des pubs sur internet ? « Revenir à l’esprit de la loi Evin » : voilà l’objectif retenu par les auteurs du rapport qui préconisent l’interdiction de la publicité pour l’alcool sur la Toile, « sauf sur certains sites bien définis comme ceux des producteurs ou des marchands en ligne. » Promulguée en 1991, la loi Evin limite fortement la publicité pour les boissons alcoolisées. Mais un nouvel article, inséré en 2009 à la fin de la liste des supports autorisés, autorise désormais la publicité pour l’alcool sur Internet.
Une harmonisation des sanctions, autre point important du rapport : Cette harmonie des sanctions concernent les drogues licites et illicites. L’alcool ou le tabac, considérés comme des drogues licites, devraient ainsi être logés à la même enseigne que les drogues illicites et considérées comme des drogues addictives. « L'intérêt de ce rapprochement est que toute personne verbalisée serait automatiquement orientée vers un service d'addictologie » notent les auteurs Enfin, les auteurs du rapport insistent sur l’importance de l’implication forte du président de la République dans ce combat qui doit être « un chantier présidentiel », afin de lutter activement contre le poids des lobbys.