Dépénalisation des drogues en Colombie ?

Un rapport officiel remis aujourd'hui aux autorités de Colombie prône la dépénalisation totale de la consommation de drogue et la prise en charge des consommateurs par le système de santé public, dans le premier pays producteur de cocaïne au monde.

"Les politiques publiques face à la consommation de drogues ne doivent pas recourir à des sanctions pénales pour les consommateurs", indique la conclusion du rapport de la Commission de Conseil pour la politique sur les drogues en Colombie. L'organisme a été créé cette année afin d'alimenter la réflexion du gouvernement. Il est composé d'une dizaine d'experts. "La criminalisation des consommateurs n'a non seulement pas montré de résultat en terme de santé publique, mais elle a, au contraire, eu des effets contre-productifs, en les marginalisant et en aggravant leurs problèmes", poursuit ce premier rapport.

La Commission a insisté sur l'importance des "traitements préventifs", y compris l'administration de drogues sous contrôle médical, affirmant qu'une telle politique ne contrevient pas aux conventions internationales de lutte contre le trafic de drogue. Jusqu'à présent, la législation colombienne n'autorise, depuis 1994, que la possession d'une dose maximum de 20 grammes de cannabis et d'un gramme de cocaïne.

"Notre conclusion principale, c'est que les consommateurs de drogue doivent être traités comme une question de santé publique avec des outils de santé publique pour lutter sur leur consommation, non des outils de politique pénale", a précisé Daniel MEJIA, le Président de la Commission. Selon lui, le gouvernement a montré une "grande ouverture" envers cette proposition.

Présente lors de la conférence de presse, la Ministre colombienne de la Justice, Ruth Stella CORREA, a indiqué que le rapport constituait un "apport essentiel" pour le gouvernement. La réforme de la politique en matière de drogue est l'un des chevaux de bataille du Président Juan Manuel SANTOS qui préconise une nouvelle orientation dans la lutte mondiale contre le narcotrafic, à l'instar de plusieurs homologues latino-américains.

Sur 46 millions d'habitants, la Colombie compte quelque 450.000 consommateurs de cannabis, 140.000 de cocaïne, 34.000 de "bazuko", (un dérivé bon marché de la cocaïne), 31.000 d'ecstasy et 3.000 d'héroïne, selon la dernière étude publiée par le gouvernement en 2008.

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