La dopamine, hormone du «plaisir», est impliquée dans les problématiques addictives. Le circuit de la récompense est perturbé, l’alcool induisant une plus forte libération de dopamine dans les centres du plaisir de notre cerveau.
Mais elle n’est pas la seule. Il existe trois facteurs en addictologie qui vont augmenter le risque de dépendance, (ou potentialité addictive) :
1/ des facteurs liés au produit. Les effets psycho-actifs différents de chacun des produits vont amener l’individu à se «fidéliser» à l’un ou l’autre. Alcool plutôt désinhibiteur, cannabis plutôt sédatif, cocaïne excitant…
2/ des facteurs liés à l’environnement : environnement familial..., qui va inciter voire amener une contrainte sociale dans certains milieux à consommer.
3/ des facteurs liés à la personnalité de l’individu. S’il n’existe pas de troubles spécifiques de la personnalité, il n’est pas rare de retrouver des troubles de la personnalité fragilisants et pouvant amener à l’addiction. Personnalité dite «antisociale», personnalité «état limite» ou abandonnique, ou personnalité psychotique.
On retrouve ainsi les trois facteurs qui peuvent conduire à une toxicomanie :
- la rencontre avec un produit,
- une personnalité particulière,
- et un moment socioculturel particulier.
C’est donc le facteur lié à la personnalité qui va nous intéresser aujourd’hui. Nous savons qu’il existe une prédisposition ou une fragilité familiales dans la «transmission» d’une potentialité addictive. Mais les facteurs génétiques pèseraient un poids important dans la vulnérabilité, environ 50%, c’est ce qu’une étude américaine vient de démontrer.
Mickaël NAASILA, Professeur de physiologie et de biologie cellulaire dans le Groupe de recherche sur l'alcool et les pharmacodépendances à l’Onserm, explique :
«Cela signifie que nous héritons bien de variants génétiques, (mutations au niveau de gènes), qui peuvent augmenter le risque de devenir alcoolodépendant. Ces facteurs génétiques peuvent par exemple modifier notre sensibilité à l’alcool et nous rendre plus tolérants, (résistants), aux effets de l’intoxication, ou encore plus sensibles aux effets plaisants, (renforçants), de l’alcool, (via une plus forte libération de dopamine induite par l’alcool dans nos centres du plaisir). C’est exactement ce que suggère l’étude montrant une plus forte libération de dopamine chez les jeunes consommateurs d’alcool à qui on fait boire seulement une gorgée de leur bière favorite et qui ont une histoire familiale positive (d’alcoolisme). Cela signifie que le fait d’avoir un parent alcoolique semble augmenter la force du conditionnement aux stimuli associés à l’alcool, ici le goût de la bière. Chez ces jeunes consommateurs de bière avec une histoire familiale positive d’alcoolisme, la consommation d’une faible quantité d’alcool, (une gorgée de bière), augmente 4 fois plus la libération de dopamine comparativement à d’autres jeunes buveurs sans histoire familiale positive».
Si les addictions ne sont donc pas des maladies génétiquement transmissibles, de vraies fragilités et prédispositions familiales existent.