Alcool et dépression sont très souvent liés. Mais qui déclenche quoi ? La dépression mène-t-elle à l’alcoolisme ? Ce dernier génère-t-il ou aggrave-t-il des dépressions déjà existantes ? J’observe que ces questionnements sont récurrents, tant dans mon environnement professionnel que privé. Mais que sait-on vraiment ?
Un état dépressif peut amener à consommer de l’alcool, (voire d’autres toxiques), pour essayer d’échapper à cette situation difficile. Une manière de dissiper momentanément des manifestations pénibles, douloureuses, voire insupportables. Et cela fonctionne ! Pendant les quelques heures d’imprégnations éthyliques, le patient va voir se dissiper ses angoisses, son inhibition, ses souffrances psychiques… Certes, ce ne sont que quelques heures ! Mais oh combien importantes et «agréables» quand l’enfer de la dépression se dissipe…
Deux problèmes vont être soulevés par ces «automédications» :
Tout d’abord la durée. Le patient va se sentir effectivement mieux mais pour une durée limitée qui va donc l’amener à reproduire ses consommations. Cette répétition va entraîner le second problème : l’installation progressive d’une tolérance l’amenant à consommer de plus en plus, et au bout de quelques semaines à une dépendance corporelle : il ne saura alors plus s’il boit pour «soulager» les effets de sa dépression ou ceux créés par le manque d’alcool, (angoisses, tremblements, nausées…).
Attention ! Chez certaines personnes, boire pour soulager des angoisses peut avoir des effets contraires ou paradoxaux. La désinhibition peut amener à des conduites suicidaires, à de l’auto ou hétéro-agressivité. Chaque «réponse» au produit est individuelle et multifactorielle, (personnalité, niveau de consommation, contexte…).
En résumé, l’alcool est donc un faux ami pour les personnes dépressives.
Mais les effets de ce produit peuvent être plus pernicieux. Il a également été démontré que l’alcool, (en excès chronique), pouvait avoir un effet défavorable sur l’activité de la sérotonine, un neurotransmetteur qui joue un rôle important de régulation psychologique. En clair, un homme, (ou une femme), en bonne santé psychique, qui consommerait régulièrement et excessivement de l’alcool peut déclencher une dépression. Dans notre jargon, nous disons que l’alcool est dépressogéne, (il entraine des dépressions). Dans ce cas de figure, le simple arrêt du produit suffit, pour la plupart du temps, à soigner l’état dépressif, sans avoir recours à des traitements spécifiques.
Voilà en quelques lignes et très succinctement, les corrélations alcool-dépression. Il me faudrait beaucoup plus de temps pour être complet, au risque de devenir soporifique pour les néophytes, les professionnels me pardonneront certains raccourcis rapides ! ☺