Salles de consommation à moindres risques... suite et mise au point !

Après mon article sur ce sujet, (voir article du 6/02), j'ai reçu de mon entourage personnel et surtout professionnel beaucoup de courriels critiquant mon positionnement, me ramenant à mon statut de professionnel des addictions. Comme si, travaillant dans ce domaine, je ne pouvais être que pour l'instauration de ces salles ! Alors je tiens à reprendre mon argumentaire qui tient en deux points, (reprenant celui du gouvernement) :

1/ Ces salles feront baisser les contaminations "hépatite C" et "Sida" par l'offre de matériels stériles pour s'injecter les produits. Pourquoi pas, sauf que ! La loi du 9 Août 2004 a déjà regroupé les dispositifs de réduction des risques, (boutiques, automates...), au sein de structures uniques, les C.A.A.R.U.D. (Centres d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction des Risques pour Usagers de Drogues). Ils s'adressent à des personnes qui ne sont pas engagées dans une démarche de soins et/ou à celles dont les modes de consommation ou les drogues consommées exposent à des risquent majeurs tels que contaminations hépatite C, V.I.H., infections.....

Ces C.A.A.R.U.D. ont pour missions :

- l’accueil, l’information et le conseil personnalisé aux usagers de drogues,

- l’aide à l’accès aux soins, (hygiène, soins de première nécessité, dépistage des infections transmissibles…),

- le soutien dans l’accès aux droits, au logement et à l’insertion ou à la réinsertion professionnelle,

- la mise à disposition de matériel de prévention des infections, (trousse d’injection, préservatifs, boîtes de récupération du matériel usager, jetons pour l’automate),

- l’intervention de proximité en vue d’établir un contact avec les usagers,

- le développement d’actions de médiation sociale.

Sauf mauvaise interprétation de ma part, ces missions ressemblent, (voire sont plus complètes), à celles qui vont être confiées aux salles de shoot. Elles n'autorisent simplement pas l'injection dans leurs locaux. Pourquoi donc ne pas multiplier ce type de structures qui ont fait leurs preuves, sont composées de professionnels, infirmiers, travailleurs sociaux..., et qui connaissent bien le terrain et les patients ? Elles n'étaient environ que 140 réparties sur le territoire fin 2012.

2/ Que peut-on espérer de ces salles quant à la réduction des troubles à l'ordre public ? Le seul point "positif" consisterait à ce que les toxicomanes ne laisseraient pas trainer le matériel usagé. Permettez moi d'en douter. Combien de salles faudrait-il à Paris, (ou dans les autres grandes agglomérations), pour que cet objectif louable soit atteint ? Et que dire de ce que certains appellent l'effet "pot de miel" ? Que va-t-il se passer pour les riverains de ces salles ? Car on oublie juste un détail. La criminalité des toxicomanes n'est pas liée à l'effet du produit, mais dans la majorité des cas à la recherche de celui-ci, à l'argent nécessaire à l'achat, et rien dans ces salles ne résoudra ce problème..., sauf, comme je le disais dans mon premier post, si un jour on venait à leur fournir une héroïne "propre" pour éviter les produits de coupage terriblement toxiques, une héroïne stable en pourcentage de produit actif pour éviter les surdosages..., et ce scénario choquant aujourd'hui pourrait très bien faire son chemin et être proposé dans les années à venir.

Pour terminer, je resterai toujours étonné par la fascination ou, inversement par le rejet, qu’exercent les toxicomanes sur une partie de la population, (soignante ou pas), contrairement à des pathologies comme l'alcoolodépendance. Jusqu'où ces patients qui nécessitent que l'on s'en occupe nous feront-ils aller ?