Les addictions d’aujourd’hui ne sont plus celles d’hier. La tendance est aux addictions sans produit : les jeux vidéo ou d’argent, le sexe, le sport… Autant d’occupations quotidiennes qui peuvent devenir pathologiques dès lors qu’elles sont pratiquées à l’excès.
Les pratiques susceptibles de provoquer des comportements d’addiction sont de plus en plus nombreuses dans notre environnement quotidien. Jeux d’argent, jeux vidéo, sexe, sport… Autant de sources potentielles de dépendances. «Les addictions comportementales s’inscrivent en hausse dans nos sociétés occidentales», admet Jean-Yves HAYEZ, Pédopsychiatre, Docteur en Psychologie et Professeur émérite à l’Université Catholique de Louvain, (Belgique). Toutefois, ces comportements ne sont étudiés que depuis une dizaine d’années. Difficile donc de faire la part des choses entre des conduites qui ressemblent à une addiction, et des comportements excessifs passagers. Lesquels, précise ce chercheur, «font partie de la vie».
Où est la frontière ?
Le jeu pathologique est déjà considéré comme une addiction. D’autres comportements en revanche ne sont pas encore clairement définis comme tels. C’est le cas du sport à l’excès, des dépendances affectives, sexuelles… «Le jeu devient addictif dès lors que le joueur engage une somme d'argent qu’il ne peut se permettre de perdre», explique Robert LADOUCEUR, Psychologue de l’Université Laval à Québec, (Canada). Il est moins aisé de définir la frontière à ne pas franchir dans des activités de la vie courante, comme l’activité physique et la sexualité.
Pour Jean-Luc VENISSE, Directeur du Pôle Universitaire d’Addictologie et Psychiatrie au C.H.U. de Nantes, «notre société participe à ces évolutions et tout un chacun peut se sentir concerné». L’offre de plus en plus large et facile d’accès aux jeux en ligne tels que le poker, ou aux sites pornographiques augmente le risque de comportements addictifs. «Ces comportements devenus compulsifs entraînent des dommages aussi graves que les substances peuvent le faire», conclut Jean-Luc VENISSE.
Et nous rencontrons de plus en plus de « poly-addictions ». Les associations alcool-cannabis, alcool-jeux, héroïne-cannabis… sont de plus en plus fréquentes. Elles rendent d’autant plus complexes les prises en charge. Les patients souhaitent très souvent arrêter le produit qui leur pose le plus de problème dans leur quotidien. L’alcoolodépendant, par exemple, souhaitera se sevrer de l’alcool mais aura plus de difficultés à accepter de «lâcher» le cannabis, qui, souvent à tort, lui semble moins problématique.