En préparation de l'émission " Campagne sous influence? Celle des médias, des réseaux sociaux, des sondages..." nous avons demandé à notre réseau de guetteurs de nous livrer leurs réflexions sur la teneur de la campagne présidentielle en France et son traitement médiatique. A lire quelques contributions…:
« La campagne est décevante dans le sens où elle a démarré sur les affaires qui ont persisté assez longtemps. Les propositions des candidats ont eu des difficultés à être lues et vues.
Cependant les affaires font parties de l'information pour qu'enfin des moyens soient mis en œuvre pour les supprimer…. Je constate qu'en dehors du cercle de citoyens qui suivent de près la politique, la majorité s'intéresse peu au contenu des programmes »
« C'est la pire campagne que j'ai connue! Elle a été complètement dévoyée par les "révélations" sur Fillon et les médias, qui beaucoup plus intéressés par les affaires et la vie privée que par les idées, en ont fait des tonnes…! Fillon a fait ce qu'il a fait et la justice dira si c'était légal ou pas. On ne peut néanmoins que s'étonner que des faits de plus de 30 ans sortent opportunément quelques jours après la nomination de Fillon à la primaire de la droite... Tous les médias se sont jetés dessus, généralement à charge, mais très peu (voire aucun) ont enquêté pour savoir d'où venait l'attaque…Pour ce qui est des idées, on commence à peine à en parler, mais le mal est fait. En ce qui me concerne, je m’intéresse à ce qui est bon pour la France et pas aux petites manœuvres de pêche aux voix chez telle ou telle communauté et je trouve que ça vole quand même assez bas en général...»
« Cette campagne présidentielle est hors norme en comparaison des autres campagnes précédentes. En France, nous avons eu tendance à beaucoup critiquer la campagne présidentielle américaine et en particulier le choix des électeurs de Donal Trump. Finalement, en France, la campagne présidentielle n'est pas beaucoup mieux. A la fois chargée d'affaires, avec un retentissement médiatique très important et à la fois très surprenante avec des sondages flous et un final incertain »
« L’émission politique est une émission de qualité surtout quand les candidats sont questionnés par des spécialistes tels que François Lenglet. Son questionnement permet de pousser le candidat dans ses retranchements et permet au téléspectateur de mieux appréhender le programme du candidat. Par contre, on ressent une volonté à rechercher le buzz avec l’invité mystère par exemple… Ce que je n’aime pas c’est le dialogue direct avec les citoyens qui ne permet pas vraiment de m’informer et de m’aider à faire mon choix. De plus, ces citoyens sont censés nous représenter alors qu’ils avancent souvent masqués. Leur choix pose question. Trop souvent ils sont engagés derrière un candidat mais ne le disent pas voire le nie. Par contre, toujours dans l’Emission politique, lorsque le candidat est envoyé sur le terrain à la rencontre d’un groupe de citoyens, le dialogue devient informatif. Le groupe questionne le candidat, fait émerger des conditions de travail et met en avant ses revendications. Le candidat met en avant les points de son programme qui peuvent correspondre, ou non, à un début de réponse.»
« Je pense que c’est la première fois pour une élection présidentielle que les médias ont couvert autant. Et les deux grands débats ont été très intenses.
Cela a permis de connaitre et d’aller en profondeur sur des thèmes comme l’Europe, les migrants, le chômage…Je pense que France télévisions a bien rempli son rôle par rapport à nous téléspectateurs, que ce soit sur France 5 avec c dans l’air, c politique et sur France 2 avec l’émission de Pujadas et Léa Salamé . Avec les chaînes d’information, avec les réseaux sociaux, on est désormais au courant de tout, est-ce une bonne chose ? Je pense que oui, cela permet au citoyen de se former une opinion. Les médias ne font pas l’opinion, ils nous aident pas contre a nous en faire une »
« Les affaires ont polluées la campagne, sans doute. Mais il ne faut pas oublié que les "affaires" ont été débusquées et rendues publiques grâce aux médias ! En revanche, il peut paraître lassant d'entendre les journalistes se focaliser sur quelques questions au détriment de la présentation des programmes. Les journalistes axent souvent l'analyse sur les mêmes points : laïcité, travail, sécurité. D'autres points sont tout autant importants, voire beaucoup plus clivant : Europe, écologie, fonction publique, éducation... Il est nécessaire de diversifier les approches »
« Je suis très intéressée par la campagne présidentielle et sa différence marquée avec les précédentes campagnes.C’est une campagne unique pour beaucoup de raisons. Elle est aussi le signe d’un changement et d’une mutation de notre société, portés par les transformations dues aux nouvelles technologies - qui se reflètent à travers les médias. Elle a aussi le mérite de mettre l’accent sur la nécessité d’une certaine moralisation de la vie politique et d’une lutte contre la corruption. L’éternelle problématique binaire droite-gauche est remise en question par l’émergence du candidat Emmanuel Macron et son projet de « renouvellement » de la vie politique… »
« Les médias permettent aux électeurs de mieux comprendre ce que proposent les candidats. Je ne partage pas pour autant le point de vue de ces politiques qui accusent les médias de collusion avec certains candidats. J’ai détesté la présence de l’écrivaine Christine Angot dans L’émission politique où était invité François Fillon. Pourquoi inviter en tant qu’ « invité-mystère » Pour faire de l’audimat ? C’est vraiment contestable comme choix. C’est de la politique-spectacle. Le rôle important du Service Public c’est le décryptage de l’information. Avec un nécessaire recours à la pédagogie et sans parti-pris comme il se doit »
« Une campagne hyper médiatisée mais qui ne tient pas assez compte du fond selon moi, pas assez de recul critique dans les reportages… Les débats stériles autour du style vestimentaire de Poutou par exemple montrent bien que l’ère du buzz touche aussi les élections et son traitement. Je préfère des reportages sur les propositions ou les décryptages par exemple comme dans les capsules de France info, les comparatifs de programme, un côté plus didactique. L’ère des débats et des questions aux candidats semblent avoir atteint ses limites. Ce genre de grande messe me rend méfiante.
En ce moment je me contente des infos brutes pour ne pas me laisser influencer par les polémiques et les débats stériles. L’omniprésence aussi des sondages à chaque prise de parole devient aussi ridicule quand on voit comment avec l’élection américaine, le Brexit ou encore lors des primaires des partis ils ont échoué. La présence de spécialiste serait plus utile pour le chiffrement, les options à retenir que des chiffres à caution »
« Effectivement cette campagne est désolante car elle se joue encore davantage que d’habitude sur l’image, la communication sans tenir compte des vraies questions : le chômage, la proposition d’un avenir pour les jeunes, l’éducation, la culture…Je n’adhère pas aux candidats qui crient contre la presse dès qu’elle pose une contradiction, laisse faire les agressions, les font huer… je trouve cela dangereux.
Les médias ont un pouvoir sur l’élection dans le sens où ils peuvent donner envie d’aller se déplacer ou pas, ils doivent être très sérieux dans la vérification des sources, les données, l’analyse et le choix des intervenants »