« C'est vrai que le monde agricole est traité avec complaisance. On ne voit que les défilés de tracteurs et les épandages de fumier devant les Préfectures. Quelle est la différence entre un gros céréalier et un paysan du "Larzac" ? Où sont les vrais problèmes de la culture et de l'élevage? Faut-il se réformer, copier sur la ferme des 1000 vaches ou promouvoir le Bio? Faudrait-il un "cash investigation" comme pour les pesticides pour nous aider à comprendre? J'ai besoin d'y voir plus clair et ne pas toujours avoir le sentiment d'être manipulé comme pour la politique d'ailleurs. Faire appel à l'intelligence et au bon sens ne fait pas d'audience, mais respecte l'auditeur et lui redonne confiance. Merci pour votre démarche » Bernard C.
« Ayant moi-même des agriculteurs dans ma famille, je comprends tout à fait leurs problématiques et le fait qu'ils vendent leurs produits à des prix très bas, ce qui crée souvent une "grogne" et des manifestations.
Je partage l'image positive qu'ils ont dans l'opinion publique.
Les médias ont tendance à accentuer un côté "paysan" qui me dérange. Car les agriculteurs actuels sont de vrais chefs d'exploitation, ils ont parfois fait des études et ne sont pas plus "ploucs" que d'autres chefs d'entreprise, contrairement à ce que certains reportages peuvent laisser penser.
Personnellement, je trouve que la crise qui touche actuellement le secteur agricole est trop souvent éludée au profit de témoignages. Selon moi, c'est le système global de notre agriculture qui doit être repensé et mis en perspective : produire toujours plus, les pesticides et les conséquences sur la santé des consommateurs et des agriculteurs eux-mêmes (bravo d'ailleurs au "Cash investigation" sur les pesticides et la santé des enfants en danger), les coopératives qui imposent aux agriculteurs l'utilisation des produits et les productions qui doivent répondre à des calibrages précis pour plaire à la "ménagère de moins de 50 ans. En bref, j'aimerais qu'il y ait encore davantage d'information et de débat sur la crise agricole actuelle et les alternatives pour en sortir » Sophie B.
« Dans un premier temps j’aurai bien sûr tendance à plaindre les agriculteurs : des semaines de 70 heures pour un salaire de misère, le poids des charges et des intermédiaires, l’endettement, les subventions de la PAC plutôt qu’un véritable revenu d’exploitation, la concurrence déloyale. Mais en règle générale, ont-ils su remettre en cause leurs pratiques, s’adapter aux évolutions sociales et environnementales ? Ainsi les exploitations qui s’en sortent le mieux sont celles qui ont choisi le bio ou les circuits courts. N’est-ce pas le véritable avenir où tout le monde serait gagnant,l’agriculteur, le consommateur et bien sûr la planète ?» Nathalie G.
« D’abord, un grand coup de gueule ! Je suis scandalisé par les manières de voyous utilisées par les agriculteurs dans leurs manifestations : dégradations en tous genres, blocage des voies de circulation, incendies de pneus au mépris de toute considération écologique. Et tout çà, dans l'indifférence des pouvoirs publics, tétanisés par la peur du "pouvoir de la rue". Mais passons au vrai sujet; comment en est-on arrivé là ? L’agriculture est une activité ancestrale, les agriculteurs ont donc une image plutôt sympathique auprès du public. Malheureusement, ils sont aujourd'hui confrontés aux marchés et surtout aux oukases de la politique européenne; les prix chutent et les petites exploitations - poussées par les banques - à des investissements trop lourds - ne peuvent plus s'en sortir.
À ce sujet, je pense que les médias ne font pas assez de différence entre les " petits " agriculteurs et les " gros " agriculteurs, en particulier les céréaliers qui sont de véritables industriels. Je pense que les médias mélangent les professions: il ya un monde entre le petit agriculteur auvergnat et les grossiums de la Beauce ou les maquignons de Saône et Loire.
Je pense aussi que les médias, plutôt que de montrer les images désolantes des manifestations, devrait nous proposer des émissions d'explications sur les mécanismes de production et de commercialisation; il faudrait comprendre tous ces rouages pour bien analyser les choses.les médias ne dénoncent pas assez les incohérences gouvernementales. Je souhaiterais que les médias participent à la découverte, et parfois à la réhabilitation du monde paysan » Patrick E.
« Cet étalage de super gros tracteurs super modernes, flambant neuf comme le reste du gros matériel pose question pour des pauvres paysans endettés. J’ai l’impression qu’à Paris, tant dans les ministères, les médias que dans la population, la paysannerie jouit d’une côte de popularité surfaite, usurpée à la faveur d’un regard nostalgique, romantique sur la paysannerie et ses jacqueries. J’aimerais que les médias télévisuels n’en restent pas à l’écume des évènements, ne se laissent pas berner par des images choc, des slogans brandis. On aimerait de vraies enquêtes journalistiques qui creusent plus à fond le dossier agriculture au XXIème siècle.
Sans oublier les consommateurs, nous les citoyens..., Et après études de terrain, mettre tout ça dans un grand chaudron et faire débattre ces personnalités si peu consultées » Pierrette T.
« Le sujet m’intéresse et je dois avouer que je n’ai pas le sentiment que les médias montrent ce que je connais. Je n’ai pas le sentiment que les journalistes posent les questions que je voudrais poser aux responsables syndicaux ou aux politiques.
Comment comprendre, pour un téléspectateur non sensibilisé à la question agricole, le monde agricole qui est un patchwork de facettes très diverses.
Le temps médiatique ne permet qu’un reportage ponctuel et il n’est pas possible d’aborder toutes les facettes d’un monde aussi complexe que le monde agricole. Pour autant, je n’ai pas le sentiment que le monde agricole est caricaturé »
Guilaine L.
« Sans l’adoption de mesures structurelles et décisives, la situation va devenir irréversible pour bon nombre d’exploitations. L’agriculture française est en péril et avec elle, le savoir-faire des éleveurs, la richesse de nos paysages et la survie de notre tissu rural. Asphyxiés par des charges sociales trop lourdes, ils se trouvent démunis face à la distorsion de concurrence au sein de l'Union européenne de pays qui utilisent les travailleurs détachés afin de pratiquer un dumping social et fiscal inacceptable. La suppression des prix garantis et des quotas par pays a favorisé les importations étrangères et a déstabilisé toutes les filières. Face aux cours très bas qui assèchent leurs trésoreries et entrainent la faillite d’exploitations agricoles, nous savons ce qu’il faut faire : réguler le marché, mettre fin à la concurrence déloyale et imposer la préférence communautaire. Nos éleveurs n’ont pas besoin de pansements supplémentaires mais des mesures structurelles Il est temps que notre gouvernement défende les intérêts des agriculteurs. L’agriculture française a tous les atouts pour redevenir la 1ère puissance agricole ».JP V.
« Connaissant un peu le monde agricole, je trouve que les médias en donnent une image très partielle, sinon partiale : les agriculteurs auraient une image positive dans l'opinion. Mais quels agriculteurs ? Les petits agriculteurs ? Ceux qui sont pieds et poings liés à l'agro-alimentaire voire à la FNSEA, diktats de la grande distribution, mécanisation à outrance? Ou ceux qui appartiennent plutôt à la Confédération paysanne, plus politisés, optant pour une agriculture plus écologique, les circuits courts?
Ce n'est même pas si simple : les frontières entre 2 des grandes associations paysannes ne sont pas étanches, il y a des évolutions des deux côtés. Une chose est certaine, les gros céréaliers sont, eux, absents de la problématique mais les Français connaissent-ils leur poids dans l'agriculture ? Or, ces derniers mois, on a surtout vu à la télé des pneus qui brûlent, des automobilistes bloqués, une jacquerie en Bretagne ; on a beaucoup parlé du prix du lait ; on a vu des reportages "optimistes" sur les circuits courts ou les exploitations mixtes, on a aussi beaucoup vu des opérations-commandos contre les camions étrangers. A-t-on vraiment cerné le cœur du problème? » Michel S.
« Les français aiment leurs agriculteurs car on est tous de près ou de loin d’origine rurale. On est tous conscient ou presque que la France serait défigurée si nos compagnes étaient en friche. Leur difficulté est d’être crédible, car on a souvent l’impression que les agriculteurs se plaignent toujours, même quand tout va bien. Et aujourd’hui, qu’il apparait à priori sans aucun doute, que les cours sont trop bas, une partie de la population garde un certain doute quant à leur crédibilité. J’ai entendu des réflexions comme : Oh de toute façon, ils se plaignent toujours. Je trouve qu’il y a des clichés qui ont la vie dure. On ne montre pas assez qu’une exploitation est une entreprise à part entière. Il faudrait accorder plus d'importance à tout ce qui touche la politique européenne agricole et à ses répercussions.
Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi les cours sont si bas et pourquoi le pouvoir politique est si impuissant ? » Pascal B.
« Globalement, la façon de traiter, sur les chaînes de France Télévisions, le problème de la crise des éleveurs et, plus généralement, celui des agriculteurs me paraît plutôt satisfaisant. Par exemple, j’ai pu notamment constater que le problème des marges bénéficiaires des hyper-marchés et des intermédiaires entre les producteurs et les vendeurs, était très correctement abordé.
Ma seule critique porte sur l’importance sans doute excessive que l’on donne régulièrement à un groupe de 30 ou 40 agriculteurs qui barrent les routes.
Au détriment de sujet comme celui du surendettement directement lié à un suréquipement. A titre d’exemple, on peut se demander, quand on voit les agriculteurs défiler sur des tracteurs impressionnants tant par leur taille, que par l’équipement de leurs cabines ou encore par la dimension de leurs remorques, s’il n’y a pas surdimensionnement de tels équipements et, par voie de conséquence, alourdissement des charges financières (remboursement des emprunts). Dans de nombreux cas, on peut se demander si une des solutions au problème des agriculteurs ne serait pas un retour au système coopératif » Gérard D.
« Les médias selon moi reflètent bien au travers de leurs reportages le malaise qui existe depuis longtemps .Mais ne vous y intéressez pas seulement quand tout va mal ? Ou alors 15 jours en février ? Tous les ans on va présenter le monde agricole au travers du salon de l agriculture, mais est ce vraiment simplement cela : concours de la plus belle bête, produit de la ferme... les enfants qui découvrent les animaux...le monde rural idéal pour une population citadine en manque de nature Vous devez nous permettre de comprendre la situation réelle des agriculteurs. Nous ne savons pas réellement comment est composé ce monde agricole, la répartition des exploitations, surface, répartition géographique, ceux qui en vivent bien (les céréaliers de la Beauce)...ceux qui s accrochent, ceux qui désespèrent et ces jeunes qui espèrent reprendre souvent une exploitation familiale » Dominique B.
«Chaque année, les agriculteurs se mobilisent pour faire entendre leurs avis et leurs actualités. Chaque année, les médias les accompagnent d'une manière bienveillante.
Sans les médias, les agriculteurs auraient beaucoup de mal à se faire entendre.
Je ne suis pas convaincu que faire des barrages routiers ou déverser des produits abimés ou pourris devant certaines institutions administratives soit la meilleure des solutions. Les agriculteurs doivent repenser leur manière de communiquer et de mobiliser l'opinion publique.Je pense que les médias peuvent contribuer à aider les agriculteurs dans cette démarche.
Les médias peuvent rester bienveillants à l'égard des agriculteurs tout en montrant aussi les dérives de certaines organisations agricoles ou certains agriculteurs. Les médias parlent, aussi, de certains problèmes que les agriculteurs ne veulent pas forcément entendre et discuter. Par exemple Cash investigation a porté en lumière les pesticides et produits chimiques toxiques dans l'environnement et dans l'alimentation.
J’attends des médias qu’ils prennent un peu de recul par rapport aux agriculteurs qui sont dans une période de mutation financière et sanitaire » Laurent C.
« Il semble que les agriculteurs bénéficient d'un capital de sympathie de la part de l'opinion. Et ce malgré les violences et dégradations.
Faire trop de reportages sur les violences n'est-ce pas en faire quelque part l'apologie ? L'intégrer dans la normalité ?
Le problème agricole est un problème complexe puisque lié aux décisions prises à Bruxelles et à la PAC. Les agriculteurs sont dépendants de ces décisions. Effectivement, il serait intéressant d'élargir le champ de la caméra...D'expliquer davantage les mécanismes, les ressorts.
Les agriculteurs sont-ils vraiment acteurs de leur destin ? Les violences ne sont-elles pas l'aveu même de leur impuissance ?
Quand est-il aussi des syndicats agricoles ? On interroge souvent les dirigeants de la toute-puissante FNSEA et moins ceux des petits syndicats même s'il y a un effort à mon sens ces dernières années.
Réaliser des reportages sur des reconversions agricoles c’est intéressant.
L'agriculture tout comme d'autres secteurs est à un tournant. Il ne s'agit plus de produire toujours plus mais différemment. L'aspect qualitatif prend le pas sur l'aspect quantitatif. La productivité n'est plus le maître mot des années à venir » Elisabeth G.