La BD de la semaine : "Teddy Bear", plongée hallucinatoire dans la tête d'un enfant-soldat

Pour son avant-dernière "BD de la semaine" avant l'été (bientôt suivie de notre sélection estivale aux petits oignons), Pop Up' vous entraîne en Afrique, sur les traces d'un enfant-soldat à travers un récit cauchemardesque signé par des auteurs que les lecteurs de la revue DoggyBags connaissent bien.

Ça parle de quoi ?

Voici “votre nouvelle maison ou votre cimetière… Ça dépendra de vous...”. Quelque part sur le continent africain, de jeunes garçons cagoulés sont débarqués d’un camion. Parmi eux, Odrissa qui se retrouve aligné avec d’autres, une boîte de conserve vide sur le crâne, sous le feu des balles de tireurs. C’est le rituel choisi par les rebelles pour désigner leurs nouvelles recrues. Miraculeux survivant, Odrissa voit alors sa vie basculer. Mis à l’épreuve pour devenir un "guerrier divin", il devient un enfant-soldat parmi d’autres, dopé à la "poudre blanche" et au sang de ses victimes.

Pourquoi on adore

Ne vous fiez pas à ce titre gentillet. Teddy Bear (“ours en peluche” en VF) n’a rien d’une BD pour enfants. C’est juste le surnom donné à Odrissa après que celui-ci a récupéré le nounours d’un bébé qu’il vient d’assassiner. Dès les premières planches, on plonge dans un délire visuel où les hallucinations de cet enfant, qui n’en est plus vraiment un, vont peu à peu le faire sombrer dans la folie.

Un récit initiatique ultra violent que l’on parcourt en apnée, comme un mauvais trip sous LSD, qui a inspiré le dessinateur belge Jérémie Gasparutto. Il livre ici des planches de toutes beautés dans un style proche de celles que réalise Charlie Adlard sur The Walking Dead.

Dans la droite ligne de la revue éponyme qui s’est arrêtée au treizième numéro l’an dernier, ce premier album labellisé DoggyBags One-Shot conserve ce qui fait l’originalité de la série : des pages de texte qui contextualisent le récit en bande dessinée. L’occasion d’en apprendre davantage sur ces enfants-soldats qui seraient à l’heure actuelle 250 000 dans le monde, la plupart sur le continent africain et dont 40% seraient des filles.

Un premier titre très prometteur pour cette nouvelle collection du Label 619 toujours dirigé par le talentueux Run (Mutafukaz, Puta Madre).

C’est pour vous si…

Vous avez apprécié la revue DoggyBags mais vous étiez frustré par le format trop court des histoires. Avec ce premier DoggyBags One-Shot, Run trouve la bonne formule pour développer des séries adultes souvent parcourus par la violence, mais jamais gratuitement.

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DoggyBags One-Shot : Teddy Bear par Francesco Giugiaro (scénario) et Jérémie Gasparutto (dessin et couleurs), Label 619 aux éd. Ankama, 128 p., environ 15 euros.