Un polar horrifique mâtiné d’archéologie, il n’en fallait pas plus pour aiguiser notre curiosité de lecteur. Sorti mi-janvier chez Ki-oon, le premier tome de King of Eden, scénarisé par le Japonais Takashi Nagasaki (Master Keaton, Pluto) nous a mis l’eau à la bouche avec une histoire ultra documentée qui nous emmène enquêter sur des massacres aux quatre coins du monde.
Ça parle de quoi ?
En Andalousie (Espagne), les 56 habitants d’un petit village sont retrouvés assassinés et carbonisés. Mais ce drame mystérieux est loin d'être isolé car le scénario s'est déjà produit ailleurs. En Ecosse ou en Thaïlande, les mêmes scènes de massacre se reproduisent, au point d'inquiéter les services de renseignement coréens qui ne tardent pas à faire une étrange découverte. A chaque fois, on retrouve la trace de Teze Yoo, un archéologue coréen qui semble être sur place pour achever le dernier survivant et brûler les corps. Dans quel but ? C’est ce que vont tenter de découvrir les autorités en embauchant le Docteur Itsuki, une ancienne camarade de promotion du jeune homme.
Pourquoi on adore ?
Quel bonheur de retrouver Takashi Nagasaki aux commandes de ce manhwa (bande dessinée coréenne), quelques mois après la fin de la parution en France de Billy Bat (éd. Pika), la dernière grande série qu’il co-signait avec Naoki Urasawa depuis 2008. Surtout connu pour ses collaborations avec ce célèbre mangaka - sur des œuvres devenues cultes comme Pluto, Monster ou 20th Century Boys - le scénariste japonais fait cette fois équipe avec Ignito, un jeune dessinateur coréen dont on découvre le dessin.
Et les fans de Nagasaki ne seront pas dépaysés, toutes ses marottes étant concentrées dans ce premier tome introductif. L’archéologie, tout d’abord, déjà au cœur de sa série Dossier A. (écrite sous le pseudonyme de Garaku Toshusai) et surtout, les voyages dans le temps, que le scénariste a exploité dans Master Keaton, Billy Bat et également Dossier A.
Dès les premières pages, ce passionné d’histoire nous en met plein la vue en convoquant pêle-mêle les Neuris et Hérodote, le roi Darius 1er, la malédiction des pharaons et les écritures anciennes qu’il mélange allègrement avec un soupçon de légendes bibliques (Abel et Caïn) saupoudrées de créatures mythologiques (les loups-garous). Mais pas d’inquiétude. Si vous n’avez jamais entendu parler de la dynastie des Achéménides ou du pays de Nod, King of Eden n’en sera que plus passionnant, tant l’ouvrage est riche et ultra documenté.
En dépit d’un début ultra classique laissant penser que l’on a affaire à un énième récit horrifique, King of Eden révèle rapidement sa richesse. Certainement la nouvelle série la plus prometteuse de l’année qui révèle le talent du jeune Ignito qui ouvre ce premier tome avec une trentaine de pages en couleurs désaturées de toutes beauté.
La série est en cours de publication en Corée du sud où trois tomes ont déjà été commercialisés. Le tome 2 sortira en France le 8 mars prochain.
C’est pour vous si…
Vous êtes autant sensible au fond qu'à la forme. King of Eden passionnera autant les amoureux de sensations fortes que les férus de mythologie. Un pur produit de pop culture comme on aime.
Les premières pages sont à feuilleter ici.
King of Eden, tome 1 de Takashi Nagasaki (scénario) et Ignito (dessin), éd. Ki-oon, 208 p., environ 8 euros.
Tous les visuels illustrants cet article sont © 2015 Takashi Nagasaki, IGNITO / Haksan Publishing Co., Ltd.