Pendant que Marvel nous explique avec beaucoup de mauvaise foi que l'érosion des ventes de ses comics est en partie due à ses lecteurs qui en ont marre de la diversité, voici que débarque en France une super-héroïne hors norme qui a déjà conquis l'Amérique. Oubliez Wonder Woman et consœurs, la plus badass de toutes, c'est Faith.
Ça parle de quoi ?
Faith Herbert a beau être orpheline, elle n’est pas du style à s’apitoyer sur son sort. Il faut dire que cette jeune femme apparemment ordinaire cache un lourd secret. C’est une "psiotique", un genre de mutante qui possède des pouvoirs télékinésiques. Capable de déplacer n’importe quel objet (dont elle-même), Faith se mue alors en Zephyr lorsque le devoir l’appelle. Elle est bien décidée à se servir de ses capacités exceptionnelles pour rendre le monde meilleur.
Bien connue des lecteurs de la série Harbinger (également chez Bliss Comics) où elle officiait au sein des Renégats, Faith la joue désormais solo. Fraîchement célibataire, elle doit désormais concilier sa vie de jeune femme moderne rêvant toujours du prince charmant avec un boulot de journaliste un peu boring et des ambitions de justicière au grand cœur. Ah, petite précision, Faith est obèse... et tout le monde s’en fout.
Pourquoi on adore ?
Depuis quelques années, les éditeurs de comics (et plus particulièrement Marvel) se sont appliqués à insuffler consciencieusement de la diversité dans le monde très blanc, très lisse et très masculin des super-héros. Une diversité genrée, ethnique et plus récemment religieuse, mais qui questionne rarement nos critères de beauté.
Alors oui, Faith Herbert est bien boudinée dans son costume blanc mais cette incongruité physique n’est à aucun moment évoqué. Elle est blonde aux yeux bleus et ne s'habille pas en taille 38, mais ça n’a aucune incidence sur sa vie amoureuse, professionnelle ou sa vie de super-héroïne (non, ça ne l’empêche pas non plus de voler).
D’ailleurs, il serait dérisoire de réduire cet album au physique hors norme de son héroïne (loin d’être une exception aux Etats-Unis, où 38% des adultes sont obèses). Car Faith est avant tout l'histoire d'une jeune femme terriblement attachante, dont les préoccupations sont en tous points similaires aux nôtres.
Elle rêve de porter secours au héros de sa série télé préférée, pour qu'il succombe à ses charmes. Fan de Joss Whedon (le créateur de Buffy contre les vampires qui a inspiré son pseudo de journaliste, Summer Smith), Faith Herbert est une vraie geek avant d’être une super-héroïne et ses aventures sont parsemées de clins d’œil à la pop culture.
“Je veux pouvoir voler sans qu’on s’occupe de moi. Je veux aider les gens. Etre un héros, c’est être utile. Pas chercher à être sous le feu des projecteurs. Je veux être plus qu’un sourire à la une des tabloïds ou un sujet de ragots.”
Faith Herbert
Celle qui n’hésite pas à s’attaquer à des kidnappeurs de chiens pour rendre le monde plus beau doute souvent, se trompe parfois, mais sourit tout le temps. Faith, c’est un rayon de soleil. On a sans cesse envie de la prendre dans nos bras et de lui glisser à l’oreille qu’elle est belle. Faith, on t’aime, et on n’est apparemment pas les seuls. La série vient d’être nommée dans la catégorie meilleure nouvelle série aux Eisner Awards 2017, qui seront décernés lors du prochain Comic-Con de San Diego, le 21 juillet prochain.
C’est pour vous si...
Vous êtes déjà un lecteur de Harbinger, c’est une évidence, Faith est fait pour vous. Plus globalement, si vous êtes en quête de douceur dans le monde ultra brutal des super-héros, vous allez adorer cette jeune femme maladroite qui rend toutes les rondes du monde décomplexées et fières.
A la conquête d’Hollywood - Faith, tome 1, de Jody Houser (scénario), Francis Portela et Marguerite Sauvage (dessin), coll. Valiant aux éd. Bliss Comics, 128 p., 10 euros (prix de lancement jusqu’au 31 août). Le tome 2 paraîtra le 24 août prochain.