Pourquoi vous devez vous ruer sur les BD "De Cape et de Crocs" (si ce n'est pas déjà fait)

C'est peut-être un détail pour vous, mais pour nous, ça veut dire beaucoup. Jean-Luc Masbou et Alain Ayroles ont mis fin à une aventure de plus de vingt ans, la saga De Cape et de Crocs, une des BD majeures de ces dernières années. A la lecture du petit mot placé en page 47 du douzième et dernier tome, "Si ce n'est toi", plus d'un lecteur a senti son cœur se serrer, ses yeux devenir humides. "A Lope, Armand, Eusèbe et toute la troupe. Vous allez nous manquer", écrivent les auteurs en conclusion. Mais tellement. Voici huit raisons de vous lancer dans la lecture de cette BD à part avec les sous que Tata Sim... pardon, le père Noël, a glissés sous le sapin.

1- Parce que c'est la seule BD qui fait référence à Cyrano de Bergerac, à Racine, Corneille, à la commedia dell'arte, à Serge le lapin de la RATP ET à Chantal Goya (et cette dernière référence, piquée dans le tome 12, passe toute seule). D'ailleurs, vous pouvez relire dix fois l'album, il y aura toujours un détail qui vous aura échappé. A la deuxième lecture du tome 12, on découvre par exemple un Bugs Bunny et un Lapin Crétin bien cachés dans les foisonnants décors.

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2- Parce que Jean-Luc Masbou est l'un des meilleurs dessinateurs de sa génération, et un coloriste de premier ordre. Vous pensez que ses planches sont faites à l'ordinateur ? Détrompez-vous, c'est du fait à l'ancienne. Et c'est à tomber tellement c'est beau.

3- Parce qu'une part non négligeable des dialogues sont rédigés en alexandrins (pas toujours canoniques, s'agacent les puristes sur les forums, mais qu'importe). Non seulement faire avancer l'intrigue de façon fluide relève du tour de force dans ces conditions, mais Masbou et Ayroles imaginent les ancêtres des battles des rappeurs façon Corneille et Molière. Ça s'appelle la "rixme"

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4- Parce que les auteurs font lanterner les lecteurs dix tomes pour savoir comment Eusèbe, le petit lapin blanc "trop mignon", est devenu garde du cardinal, puis a été envoyé aux galères, à cause de son frère jumeau Fulgence, le caïd de la cour des Miracles. C'est l'objet du diptyque final.

5- Parce que vous ne regarderez plus jamais la Lune de la même façon maintenant que vous savez qu'elle est habitée de Sélénites dirigés par le diabolique Prince Jean et qui ourdissent de sombres conspirations.

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6- Parce que la série est l'une des rares à avoir fait l'objet d'une pièce de théâtre, jouée dans la cour du château de Vaux-le-Vicomte. Adaptation de L'Impromptu du tome quatre ou Le Médecin imaginaire, une pièce en un acte offerte en supplément avec l'album du même nom. Au départ, la série était un dérivé d'un jeu de rôle écrit par Alain Ayroles, aux multiples talents.

7- Parce qu'il n'y a pas un seul tome de transition dans ces 12 tomes. L'histoire-mère, étalée en 10 tomes, devait être condensée en beaucoup moins de volumes, mais les auteurs ont su délayer juste ce qu'il faut pour captiver le lecteur jusqu'au bout. Les auteurs ont su aussi s'arrêter au sommet (contrairement à beaucoup d'autres).

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8- Parce que les plus grands noms de la BD ont rendu hommage à la série dans une gentille vidéo... où figure aussi François Bayrou (qui a donc bon goût en matière de BD).